Mortelle Venise

  1. Le démon de San Marco

    En 1536, à Venise, on retrouve le corps de l’embaumeur Marcello Benvolio dans la rue. Il est retrouvé mort sans que l’on puisse établir les causes définitives de son décès. Sur ses traits, la marque d’une infinie terreur. Pour résoudre cette énigme, le doge fait appel au jeune chevalier Ferrucio Ardani. Cet homme, autrefois vénitien et rejeté de la ville, est un habile enquêteur doué d’un esprit fin et cartésien. Saura-t-il dénouer les fils d’une intrigue qui menace l’équilibre de la cité entière ?

    En auteur expert en littérature jeunesse, Michel Honaker maîtrise les codes du suspense, et il en fait de nouveau la démonstration avec ce polar historique de haute volée. Rapidement, son style séduit et envoûte : l’époque et les lieux sont impeccablement retranscrits, et l’on ressent rapidement l’angoisse provoquée par ces endroits engoncés de brumes persistantes. L’intrigue est très bien ficelée, et entrelace de nombreux thèmes, comme la religion, les arts ou le pouvoir politique. Le héros est un modèle du genre : d’esprit vif, subtil analyste des scènes de crime, féru de sciences, courageux et doué pour le combat, il dispose de tous les atouts littéraires nécessaires pour le rendre attachant. Par certains aspects, il ressemble même à Sherlock Holmes, le génial détective du non moins génial Arthur Conan Doyle. Au fil de ce court roman – environ cent quatre-vingts pages, Michel Honaker déploie toute l’étendue de son talent, et le lecteur se passionne autant qu’il frissonne face aux épreuves qui s’imposent au protagoniste : un ordre religieux proche de la secte, une ville assaillie par des rumeurs folles, l’angoisse face à un prétendu monstre surgi des cieux, des enjeux politiciens ambigus, etc. À la lecture de cet opus, on ne peut s’empêcher de penser au chef-d’œuvre d’Umberto Eco, Le Nom de la rose, tant certains parallèles apparaissent évidents : la présence d’un inquisiteur retors, les relations entre Ardani et son domestique, l’omniprésence d’une religion fanatique dressée contre d’hypothétiques hérétiques… À n’en pas douter, en plus d’être un brillant écrivain, Michel Honaker est également un lecteur assidu, et ces références, loin d’être les stigmates d’un plagiat, sont autant d’hommages rendus à d’illustres prédécesseurs.

    Œuvre dédiée à la jeunesse mais également abordable par les adultes, cette Mortelle Venise est un récit ensorcelant, efficace et rythmé. Pas le moindre temps mort, une intrigue originale, un héros brillant, et la promesse de quelques heures d’une lecture jubilatoire. À découvrir, du même auteur chez la même maison d’édition : Croisière en meurtre majeur, La Sorcière de midi et Trois cartes à abattre.

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