Les Maudits

(The Damned)

  1. Les loups de Fampoux

    « Wölfe » : c’est ce qu’arrivent à balbutier des soldats allemands après un massacre dans leur tranchée en ce 12 octobre 1914 quand des militaires britanniques investissent les lieux. Des loups qui auraient massacré ces hommes ? Vraiment ? Dans le même temps, le père Andreas est assassiné dans la cathédrale d’Arras. Pour tirer cette sinistre histoire au clair, l’inquisiteur Poldek Tacit arrive sur place. Mais c’est à un véritable complot surgi des ténèbres qu’il s’apprête à combattre.

    Ce premier tome de la trilogie consacrée à la Main noire enchante dès les premiers chapitres. Tarn Richardson ancre son intrigue sur le terreau brûlé, sanglant et terrible de la Première Guerre mondiale. On y retrouve quelques traits caractéristiques des récits liés aux loups-garous mais l’auteur ne s’est pas contenté de nous jouer une partition attendue, ajoutant des éléments originaux et fort intéressants. Le lecteur a aussi le plaisir de découvrir un protagoniste atypique en la personne de l’inquisiteur Poldek Tacit : alcoolique, violent, désabusé, ce prêtre à la stature monumentale n’hésite pas à menacer un enfant d’une balle pour le faire parler, et ses dérives brutales cachent une genèse douloureuse. Devenu le jouet de l’Eglise, il va affronter de terribles créatures mais également ses propres donneurs d’ordres, puisqu’une conspiration inouïe va graduellement apparaître. Dans cet ouvrage fantastique – à tous les sens du terme –, on découvre aussi le très humain lieutenant Frost, le patibulaire officier Pewter, la troublante sœur Isabella ou encore Sandrine Prideux qui dissimule un incroyable secret. Tarn Richardson nous réserve des passages franchement sanglants ainsi que des scènes criantes de vérité quant à la monstruosité des combats, et le final appelle avec fracas les deux autres livres de la série.

    Un roman très réussi et percutant, jouant à la fois sur les codes du genre tout en se jouant d’eux. Une véritable prouesse littéraire, alors que l’on pensait le sujet déjà beaucoup trop souvent défriché pour espérer y dénicher un jour la moindre originalité.

    /5