Nul ne sait où est passée Naomi Shehaan, seize ans, membre de la réserve indienne de Meshkanau. Sur place, la misère est endémique, l’addiction à la drogue et à l’alcool également, et l’on ne compte plus les disparitions ainsi que les cas de violences à l’égard des femmes autochtones. Cette affaire paraît presque anodine, d’autant que l’on apprend qu’un projet visant à construire une scierie alimentée par une grande route, va bientôt se concrétiser au grand dam des habitants. Pour comprendre ce qui s’est passé, trois personnages vont, à des degrés variés, remonter la piste de l’adolescente et aboutir à la révélation d’une terrible succession de faits sordides.
Autant être honnête dès le début : à Polars Pourpres, on adore Estelle Tharreau. Ses romans tels Mon Ombre assassine, La Peine du bourreau, Les Eaux noires ou encore Il était une fois la guerre nous ont tellement plu que l’on attendait avec impatience son nouvel ouvrage, et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci est excellent. Une ambiance sombre, servie avec intelligence par une plume remarquable. Un style très réussi dans un cadre original, mettant en lumière de froides ténèbres et une belle galerie d’individus. On y trouve ainsi Logan Robertson, jeune policier un peu effacé, qui n’a strictement rien du héros et qui tient simplement à effectuer honnêtement son travail ; Nathan Lebel, fils d’un potentat local propriétaire d’un beau chalet où il semble se dérouler des événements peu reluisants ; Alice Tremblay, compagne de Nathan qui, même si elle est indienne, est en conflit avec elle-même ainsi qu’avec ses origines. L’histoire est aussitôt addictive et les chapitres très courts – rarement plus de trois pages – impriment un tempo relevé. Le récit s’avère efficace, proposant de multiples fausses pistes, au point que l’identité de l’assassin livrée à la fin du roman en surprendra plus d’un. Mais ce qui marque le plus dans cet opus, c’est finalement que les personnages paraissent presque en retrait malgré leurs belles caractérisations humaines : ils s’effacent au profit d’un tableau plus global où presque tous ont leur part de responsabilité – voire de culpabilité – dans la mort de Naomi. Pauvreté, incestes, viols, magouilles, dépendances narcotiques et alcooliques, affaires abjectes passées sous silence et autres lâchetés composent alors les mécanismes d’un ignoble engrenage.
Une fois de plus, Estelle Tharreau signe un thriller mêlé d’éléments dignes du roman noir de haute volée. Un magnifique réquisitoire contre les veuleries et vices de l’âme humaine qui se double d’une excellente intrigue, où l’ultime phrase vient donner son titre à ce livre puissant.
Nul ne sait où est passée Naomi Shehaan, seize ans, membre de la réserve indienne de Meshkanau. Sur place, la misère est endémique, l’addiction à la drogue et à l’alcool également, et l’on ne compte plus les disparitions ainsi que les cas de violences à l’égard des femmes autochtones. Cette affaire paraît presque anodine, d’autant que l’on apprend qu’un projet visant à construire une scierie alimentée par une grande route, va bientôt se concrétiser au grand dam des habitants. Pour comprendre ce qui s’est passé, trois personnages vont, à des degrés variés, remonter la piste de l’adolescente et aboutir à la révélation d’une terrible succession de faits sordides.
Autant être honnête dès le début : à Polars Pourpres, on adore Estelle Tharreau. Ses romans tels Mon Ombre assassine, La Peine du bourreau, Les Eaux noires ou encore Il était une fois la guerre nous ont tellement plu que l’on attendait avec impatience son nouvel ouvrage, et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci est excellent. Une ambiance sombre, servie avec intelligence par une plume remarquable. Un style très réussi dans un cadre original, mettant en lumière de froides ténèbres et une belle galerie d’individus. On y trouve ainsi Logan Robertson, jeune policier un peu effacé, qui n’a strictement rien du héros et qui tient simplement à effectuer honnêtement son travail ; Nathan Lebel, fils d’un potentat local propriétaire d’un beau chalet où il semble se dérouler des événements peu reluisants ; Alice Tremblay, compagne de Nathan qui, même si elle est indienne, est en conflit avec elle-même ainsi qu’avec ses origines. L’histoire est aussitôt addictive et les chapitres très courts – rarement plus de trois pages – impriment un tempo relevé. Le récit s’avère efficace, proposant de multiples fausses pistes, au point que l’identité de l’assassin livrée à la fin du roman en surprendra plus d’un. Mais ce qui marque le plus dans cet opus, c’est finalement que les personnages paraissent presque en retrait malgré leurs belles caractérisations humaines : ils s’effacent au profit d’un tableau plus global où presque tous ont leur part de responsabilité – voire de culpabilité – dans la mort de Naomi. Pauvreté, incestes, viols, magouilles, dépendances narcotiques et alcooliques, affaires abjectes passées sous silence et autres lâchetés composent alors les mécanismes d’un ignoble engrenage.
Une fois de plus, Estelle Tharreau signe un thriller mêlé d’éléments dignes du roman noir de haute volée. Un magnifique réquisitoire contre les veuleries et vices de l’âme humaine qui se double d’une excellente intrigue, où l’ultime phrase vient donner son titre à ce livre puissant.