L'Île des chasseurs d'oiseaux

(The Blackhouse)

  1. Roman d'un retour au pays natal

    Île de Lewis, au nord de l'archipel écossais des Hébrides.
    Un jeune couple découvre dans un hangar à bateaux un homme fraîchement pendu et éventré. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un meurtre et il semblerait que le modus operandi soit le même que celui employé pour un autre meurtre, perpétré à Édimbourg. C'est pourquoi la police locale fait appel à Fin McLeod, qui a enquêté là-bas sur ce premier meurtre. Pour Fin, retrouver Lewis n'est pas anodin. C'est sur cette île qu'il est né et qu'il a grandi, avant de faire le choix de la quitter.

    Peter May est un romancier et scénariste écossais installé en France depuis des années. Certains le connaissent pour sa série se déroulant essentiellement à Pekin. Avec L'île des chasseurs d'oiseaux, il délaisse la Chine pour son pays, l’Écosse, et plus particulièrement Lewis, la plus septentrionale des îles des Hébrides. Paysages, traditions, habitants, etc. Il décrit l'endroit à merveille et avec une certaine chaleur qui ne laisse pas le lecteur indifférent
    À l'instar du marshal Raylan Givens, héros de la série télévisée Justified, Fin McLeod est ramené pour les besoins d'une enquête dans le seul endroit où il ne voulait retourner pour rien au monde : chez lui. À un moment de sa vie, il a eu du mal à faire le choix salutaire de quitter son île natale, alors la retrouver n'est pas chose aisée. En pas loin de vingt ans, peu de choses ont changé finalement, sinon que les gens ont vieilli. Le policier retrouve son meilleur ami d'enfance, Artair, lequel s'est marié depuis avec Marsaili, le premier amour de Fin, avec qui il a eu un fils, Fionnlagh.
    Au gré des chapitres et fort habilement, Peter May entremêle les époques, les événements passés venant faire écho au présent des protagonistes. Fin se rappelle avec nostalgie de son enfance, des quatre-cent coups qu'il a pu faire avec ses camarades d'école, des premières ivresses et du temps où Marsaili et lui étaient inséparables. Chômage, alcoolisme, obésité, dépression...Voir ce que sont devenues ces personnes lui fait mal au cœur. Fin se souvient aussi de son périple sur An Sgeir, un rocher perdu au milieu de l'Atlantique Nord où les hommes de son village vont une fois par an chasser le guga (terme gaélique désignant un jeune fou de Bassan) comme on va en pèlerinage. Cette tradition séculaire et périlleuse se poursuit malgré l'activisme des défenseurs des animaux, et Fionnlagh va à son tour se rendre sur l'île des chasseurs d'oiseaux pour la première fois.
    L'enquête est volontairement lente, elle piétine, avance par à-coups, avant que tout ne s'accélère dans les dernières pages. Les rebondissements y sont nombreux, spectaculaires et imprévisibles, même si certaines révélations peineront peut-être à convaincre les lecteurs les plus sceptiques.

    Avec L'île des chasseurs d'oiseaux Peter May signe à la fois un roman policier efficace et une superbe déclaration d'amour à l'île de Lewis, qu'il semble connaître mieux que personne. Les lecteurs emballés par cette virée dans les Hébrides pourront retrouver Fin McLeod dans d'autres enquêtes, L'homme de Lewis et Le braconnier du lac perdu.

    /5