Quelque chose pour le week-end

  1. 30 millions d’ennemis

    À Kirk Bay, en Angleterre, une série d’événements incongrus se produit : de la cocaïne s’échoue sur la plage tandis que de Grands Pingouins déboulent en ville. Ajoutez à cela un retraité de la banque qui veut faire assassiner sa femme, un nabab souhaitant construire un parc pour les oiseaux, l’armée qui s’apprête à intervenir, etc. Il n’y a pas à dire : si habituellement on s’ennuie à Kirk Bay, il va cette fois y avoir de quoi s’occuper le week-end.

    Auteur de romans atypiques comme Le Tri sélectif des ordures, Mort à Denise ou Taxi, Take off & landing, Sébastien Gendron poursuit dans cette voie, où l’absurde et l’humour bataillent ferme. À partir d’un scénario particulièrement épicé et extravagant, l’écrivain tisse une véritable toile drolatique où les circonstances et les individus vont s’en trouver bouleversés. Les vieilles rancœurs ressurgissent, les appâts du gain, de la facilité et du meurtre rendent les hommes déments, et les conjonctures vont précipiter cette paisible bourgade anglaise dans le chaos et le burlesque. L’humour est remarquable, tant dans les dialogues que les situations, et il fallait à Sébastien Gendron un sacré culot pour bâtir son intrigue sur ce terreau insolite. Il était même à craindre que l’ensemble sombre dans le grand-guignolesque. Il n’en est rien. L’excentricité des péripéties est parfaitement assumée, et l’histoire est solide, avec de nombreuses interactions entre les protagonistes, le tout sur un canevas scénaristique que l’on devine très travaillé. On rit à gorge déployée tandis que l’on s’émerveille d’une construction narrative si réussie. Le lecteur assiste à des scènes singulièrement trépidantes, aussi cocasses que féroces car l’écrivain ne se prive pas de salvateurs coups de griffe à l’encontre de la société et du microcosme d’une cité prétendument exemplaire. D’ailleurs, le livre se déploie comme un film à grand spectacle, décomplexé et intraitable, où le saugrenu vient amplifier les propos de Sébastien Gendron. La fin est également mémorable : inattendue, lapidaire et intelligente, elle vient parachever un récit où le sang coule au même rythme que les gags.

    Vous cherchez un roman hors-norme, inénarrable, et aussi impertinent que réussi ? N’allez pas plus loin : Sébastien Gendron a concocté pour occuper votre week-end une aventure dont on ne sort pas indemne.

    /5