Tout a une fin. Et tout, en général, n'en a pas plus d'une. On ne finit qu'une fois. Et si "tout le narratif naît du malheur des hommes" (Raymond Queneau), l'arrêt de la narration ne peut se situer qu'au commencement du bonheur. Un roman ne peut s'achever qu'au commencement du bonheur : ils furent heureux et eurent beaucoup de quoi déjà ? Le roman, qui peut beaucoup se permettre, peut bien essayer de finir à chaque pas. Oui, mais comment faire ? En minimisant le malheur des hommes, au jour le jour, et en étant à chaque fois contredit par la circonstance suivante. Fins : Axandine et Axandal s'aiment, disent qu'ils se désaiment et continuent à s'aimer. Le docteur Doucement et madame Doucement aussi. Entre eux, il y a une maladie inédite. Autour d'eux, il y a une élection présidentielle. À la fin des fins, ils ne sont ni heureux ni malheureux. Fin. Ça, c'est du résumé ! Mais alors, si, à la fin des fins, ils ne sont ni heureux ni malheureux, ce roman, il ne finit pas ! Ce n'est pas grave, il y a une postface.
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Soumis le 15/08/2022 par LeJugeW