Un Nid de crotales

(The Transgressors)

  1. Le shérif adjoint Tom Lord officie dans un coin perdu du Texas. Son existence est bien calme, jusqu'à ce qu'il tue, en état de légitime défense. Le cours de sa vie s'emballe : une veuve qui réclame justice, une fille de joie un peu collante, des nervis, un consortium pétrolifère pugnace, un collègue de Lord aux abois... Personne n'empêchera l'orage d'éclater.

    Auteur culte de romans noirs, Jim Thompson est une des plumes les plus adulées du genre : Le démon dans ma peau ou 1275 âmes sont autant de charmantes pépites laissées dans le sillage de ce grand écrivain décédé en 1977. Un nid de crotales est un de ces textes rares, à (re)découvrir sans attendre. On retrouve l'écriture si typique de Jim Thompson, mêlant noirceur et humour, au moyen de laquelle il s'attache à croquer des personnages marquants. Les divers protagonistes se croisent, se côtoient, puis se percutent, au gré d'une intrigue plus dédaléenne que ne le laisse augurer le résumé de l'œuvre. A peine plus de deux-cents pages, et quelques parenthèses ouvertes pour mieux cerner les (anti-)héros de ce roman noir, avalées cul-sec comme un alcool dont le parfum aurait gagné en intensité avec l'âge. L'ensemble se lit très rapidement, procurant une joie proche de celle que ressentirait un enfant redécouvrant dans le grenier un jouet oublié.

    Peut-être sans atteindre la puissance de percussion du Démon dans ma peau ou de 1275 âmes, Un nid de crotales est un régal. Son titre est aussi métaphorique que celui du roman d'Harry Crews, La foire aux serpents : plonger dans ses pages laissera le lecteur perclus de délicieuses morsures à l'âme.

    /5