Mortelle hôtesse

  1. C'est à Meyer d'éviter le pire

    Dans le wagon-bar de l'Eurostar, une jeune femme se fait aborder par un homme corpulent. Il affirme la connaître et lui annonce que son père se trouve en vérité à Anvers. Il a à peine le temps de devenir insistant qu'un autre homme intervient et parvient à faire déguerpir l'importun. Un peu plus tard, l'obèse est retrouvé inanimé à sa place, mort.
    Le défunt, c'est Jean-Louis Gropparello, un collègue de Richard Meyer, agent de renseignement tout comme lui. Richard, lui, enquête sur la disparition d'Humbert Katz, le père de Nora, la jeune scientifique qu'il a « rencontrée » dans le train. Il pense que quelqu'un a aidé « Gro » à mourir et est bien décidé à le retrouver, coûte que coûte.

    Mortelle hôtesse marque avec Ligne 10 d'Anne Peter-Sauzin et Mort d'un cheminot de Jean-Philippe Milesy la renaissance de « Rail / Noir ». Depuis 2002, la maison d'édition La vie du rail a publié une vingtaine de romans policiers « ferroviaires » (l'intrigue doit entretenir un rapport plus ou moins prononcé avec l'univers des trains) dans cette excellente collection. Cette dernière peut se vanter de voir figurer à son catalogue des auteurs confirmés tels Jean-Bernard Pouy et Thierry Crifo, mais surtout, d'avoir lancé la carrière d'écrivains qu'on ne présente plus aujourd'hui : Franck Thilliez et Karine Giébel.
    Bien que fort différent des romans des auteurs suscités, Mortelle hôtesse n'en demeure pas moins une agréable lecture. Le suspense est bien dosé et tout est fait pour que le lecteur s'intéresse rapidement à l'enquête menée par Richard Meyer. Dur à cuire mais pas insensible, doté d'un humour caustique, l'agent va tout mettre en œuvre pour retrouver Humbert Katz. De Genève à Anvers en passant par Londres et Lisbonne, il va se retrouver confronté à de nombreux dangers parmi lesquels : un virus aveuglant les diamantaires, des multinationales de la santé sans aucun scrupule quand il s'agit de défendre leurs intérêts, une tueuse insaisissable...
    Bernard Pasobrola a une belle plume. Ses descriptions sont réussies et la plupart de ses métaphores sont autant de belles trouvailles, parfois hilarantes. Au sérieux du roman d'espionnage, il vient ajouter une dose de loufoquerie qui fait plaisir à lire.

    S'il faut parfois s'accrocher un peu pour maîtriser tous les tenants et les aboutissants de l'intrigue, peut-être un chouïa trop complexe, Mortelle hôtesse n'en demeure pas moins un bon polar, mêlant enquête policière et espionnage. Il est à noter que certains personnages de ce livre figuraient déjà dans L'hypothèse de Katz, précédent roman de l'auteur sur lequel les lecteurs convaincus par l'écriture de Bernard Pasobrola arriveront peut-être encore à mettre la main.

    /5