La mort est parfois préférable

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  • 8/10 Le major Yan Lebrun est officier de police à Lille et elle détonne dans le paysage. Sexy quoiqu’un peu enrobée, androgyne, elle est surtout sujette à des douleurs endémiques, soudaines et monstrueuses qui surgissent à n’importe quel moment et qui la fracassent. Dans le même temps, elle et son équipe vont devoir enquêter sur deux affaires singulières : l’assassinat d’un journaliste à son domicile et la décapitation d’un homme dans sa voiture dont la tête a été retrouvée sur la banquette arrière de l’automobile.

    Voici le dernier thriller de Sacha Erbel, cette fois-ci paru chez Taurnada. D’entrée de jeu, on est intrigué par ce que l’héroïne a baptisé « L’Araignée », à savoir ce mal insidieux qui la martyrise et la brise, une calamité qu’elle essaie de dissimuler aux yeux de ses collègues tout en se gavant d’analgésiques pour amoindrir la souffrance. Et les deux affaires qui sont confiées à elle ainsi qu’à son équipe ne sont pas là pour apaiser son état de santé. Pourquoi a-t-on tué ce journaliste, spécialiste des sujets sulfureux, dans sa baignoire ? Parallèlement, comment ce gardien de nuit anonyme a-t-il ainsi pu se faire couper la tête ? Existe-t-il un lien entre ces cas ? Et que dire de cette malheureuse victime qui semble avoir elle-même orchestré cette mise en scène au terme de laquelle une tronçonneuse lui a tranché les cervicales ? Dit ainsi, on peut s’imaginer un texte gore et voyeuriste, mais ça serait à tort : Sacha Erbel a distillé tout au long de son ouvrage un humour parfois potache, notamment dans les relations que Yan entretient avec ses partenaires, qui vient contrebalancer cette noirceur et cette violence, même si certains lecteurs reprocheront justement à l’écrivaine cette cocasserie trop appuyée alors que le récit aurait peut-être justement mérité de jouer la partition des ténèbres sans ces retouches. Entre éventuelles dérives sectaires, vengeance prenant racine au Pakistan et hypnose, Sacha Erbel maintient le suspense à un haut niveau et n’aménage aucun temps mort dans ce thriller tendu. C’est aussi pour l’auteure un moyen d’évoquer une maladie dont elle souffre – s’en ouvrant avec beaucoup d’humanité et de tact dans la postface, offrant au-delà de l’intrigue policière une dimension autobiographique bienvenue.

    Un livre efficace et attachant, ingénieux et machiavélique, qui mérite amplement d’être découvert et de figurer sur les étagères des amateurs de sensations fortes et autres romans nerveux.

    11/04/2023 à 06:56 El Marco (3434 votes, 7.2/10 de moyenne) 2

  • 8/10 En bref, un polar qui sort des sentiers battus en abordant des thèmes très intéressants.

    D'emblée, on sent que l'auteure sait de quoi elle parle... Que ce soit au niveau de l'enquête policière, des procédures judiciaires et de la hiérarchie ou encore au niveau plus personnel, avec cette maladie dévastatrice et envahissante. En effet, elle nous avoue en notes de fin qu'elle connaît les deux sujets sur le bout des doigts et cela nous permet de nous rendre compte la place qu'un handicap invisible peut avoir dans une vie, les conséquences mentales, physiques et relationnelles qu'il implique. Certains passages sont très durs émotionnellement, tellement la souffrance de l'héroïne est palpable.

    L'intrigue en elle-même est vraiment bien menée même si elle reste classique dans son déroulement. Encore une fois, Sacha Erbel choisit de partir sur des thématiques rarement abordées, et avec un bagage théorique qui assoit une vraie crédibilité dans le récit.

    Concernant les personnages, notamment le trio de tête Yan/Brath/Granulé, ils sont très attachants. J'ai parfois eu l'impression que j'arrivais en cours de saga tellement leur relation est déjà forte, on ressent un passif entre eux qui soude une amitié et une équipe de travail.

    Je suis ravie d'avoir découvert l'auteure, et je suis curieuse de la suivre dans ses prochaines aventures, et de peut-être retrouver Yan.

    11/01/2023 à 10:24 Riz-Deux-ZzZ (500 votes, 6.9/10 de moyenne)