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9/10 Cela fait trois ans que Pierre Savidan a accédé au poste de président de la République française. Celui qui s’était fait connaître comme militant écologiste avait emporté de peu les scrutins et son mouvement politique, Mouvement vital, s’était imposé comme un choix radical mais nécessaire pour sauver le pays. Les mesures draconiennes mises en place ont fait grincer des dents mais ses convictions intimes demeurent entières : la sauvegarde de l’environnement doit passer par des choix drastiques qui se veulent indispensables même si un sondage souligne le fait que « 14 % des Français seulement approuvent la politique du président ». Mais les mois qui viennent vont s’avérer particulièrement mouvementés.
Thomas Bronnec, journaliste et fin connaisseur de la sphère politique, signait ce brûlot en 2022, un ouvrage explosif et qui a peut-être une valeur prémonitoire. On y suit, du 30 avril au 27 juin, les soubresauts vécus par ce locataire du Palais de l’Elysée qui a été élu sur un programme écologique très ambitieux. Parce que la défense de la Nature est impérative, le covoiturage est devenu obligatoire, manger de la viande doit devenir une exception, les fonctionnaires bénéficient d’un SEI (comprenez « scoring écologique individuel ») qui attribue un résultat en fonction de leurs agissements, et la politique nataliste a été nettement corrigée. Et malheur aux contrevenants qui finissent par suivre le programme « PAIRE » aux allures de camp de conversion. Ces décisions ont profondément clivé la population, et le livre s’ouvre justement sur une manifestation de partisans de Savidan qui débouche sur la mort de la femme et du bébé d’Olivier Fleurance, un grand chef d’entreprise. Thomas Bronnec dresse avec grand talent le portrait d’un président persuadé d’agir au mieux, quitte à user du forceps et de la contrainte au nom du bien général. Les personnages qui l’entourent sont également habilement croqués, évitant tous la caricature, depuis sa garde prétorienne dont certains membres vont le lâcher jusqu’aux hautes éminences politique du pays (ministres, Assemblée nationale, Sénat, Conseil d’Etat, etc.). L’histoire est parfaitement maîtrisée, les rouages le sont tout autant, et le lecteur assiste aux convulsions d’un régime qui, pris entre le marteau de l’opposition et l’enclume de la défiance, va connaître des jours sombres voire sanglants (l’émeute presque finale n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’assaut du Capitole mené un an auparavant aux Etats-Unis par les partisans de Donald Trump). Et ce qui sidère le plus dans ce récit survolté, c’est sa vraisemblance, habilement alimentée par les belles connaissances de l’écrivain. On en vient alors à se demander légitimement si cette histoire n’est pas révélatrice d’une éventuelle dictature verte en approche, d’un messie providentiel qui se serait égaré sur les chemins de l’autoritarisme, ou d’une société qui finira par imploser face aux enjeux environnementaux mondiaux dont on ne peut plus faire abstraction.
Un ouvrage fort et marquant qui a trempé sa plume dans l’encrier de nos manquements collectifs et de notre refus de voir les évidences écologiques, mais aussi dans un jusqu’au-boutisme qui peut être tout aussi délétère. De l’utopie à la dystopie, ça n’est pas qu’une simple affaire de préfixe.17/11/2025 à 06:45 El Marco (3734 votes, 7.2/10 de moyenne) 3
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6/10 J ai longtemps hésité entre 6 ou 7... J'ai beaucoup apprécié le sujet, la reflexion autour d'une dictature environnementale est interressante. Cela traite également même plus généralement de la notion du pouvoir, la gestion de la foule..
Jusqu'où faut il aller pour sauver la planète ? C'est un beau sujet avec un traitement atypiques mais finalement très ancré dans l'air du temps. J'avais pas mal d'attente sur ce sujet mais malheureusement j'en ressors un brin déçu : je n ai pas apprécié l'ecriture des amourettes, à mon goût trop vulgaires et détaillées empiètant de fait du temps qui aurait pu être passer à pousser encore plus le sujet de reflexion de fond. En sautant certains de ces passage j ai néanmoins trouvé le roman intéressant, portant à reflexion.10/07/2025 à 23:38 daxter56 (36 votes, 7.8/10 de moyenne) 1
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8/10 Si vous avez encore quelques considérations pour la classe politique, ne lisez pas ce livre ! Pour répondre à la question d'Hoel, je préférerais politique fiction que anticipation ! Une galerie de portraits politiques au vitriol (les sources d'inspiration sont nombreuses), un bon rythme, des peurs, des doutes... Un très bon moment de lecture !
02/11/2023 à 09:24 Franck 28 (831 votes, 7.7/10 de moyenne) 5
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8/10 Dystopie ? Anticipation ? Politique-fiction ? Un peu tout cela à la fois en vérité.
L'auteur situe son action dans un futur très proche où un président de la République Française, peu démocratique dans ses méthodes, utilise le 49.3 et d'autres subtilités constitutionnelles à tire-larigot pour faire passer ses idées en force (toute ressemblance avec des personnages existants est purement fortuite). Sauf qu'au lieu de favoriser actionnaires et autres milliardaires, son programme est écologiste et radical. Ainsi, il est bientôt interdit de prendre sa voiture seul (covoiturage obligatoire), de manger trop de viande ou de prendre l'avion sans avoir à en assumer les conséquences. Pour les réfractaires, stages obligatoires dans des camps dont le fonctionnement et le quotidien des "stagiaires" est tu aux citoyens lambda. Jusqu'où peut-on aller pour la bonne cause (sauver la planète) ?
A travers sa galerie de personnages gravitant dans un monde de la politique plus vrai et plus terrible que nature (Thomas Bronnec est journaliste, spécialiste du Ministère de l'économie) cet ouvrage, dense mais passionnant, pose plus de questions qu'il n'apporte de réponse, ce que je trouve appréciable.
On regrettera tout au plus une (sur ?)abondance de scènes de sexe très crues et pas forcément indispensables.11/10/2023 à 18:27 Hoel (1206 votes, 7.6/10 de moyenne) 7
