Toulouse, 1959.
Marie-Thérèse Désormaux est une de ces jeunes filles que l'on peut qualifier de sans histoires. Issue d'une famille bien comme il faut – son père est lieutenant-colonel dans la gendarmerie –, une succession d’événements vont l'amener à se retrouver mêlée à un fait divers sanglant qui fit alors grand bruit dans le midi. Pourtant, au départ, son seul crime, c'était d'aimer le jazz.
En 1959, Michel Boujut est interpellé par une photo parue dans Sud-Ouest et la glisse entre les pages de La nuit tombe. C'est en la retrouvant dans le roman de David Goodis quarante-cinq ans plus tard, qu'il se souvient de cette affaire. Sur l'image précieusement conservée, on peut voir Marie-Thérèse Désormaux souriante poser aux côtés du chanteur de blues Big Bill Broonzy. La légende affirme : « Coïncidence ? Marie-Thérèse Désormeaux bifurqua dans la vie à partir du moment où sa passion pour le jazz prit une forme excessive. »
C'est cette insinuation du journaliste de l'époque, qui semble voir un rapport évident entre le jazz et la délinquance – ce genre musical était alors très mal vu dans les sphères supérieures de la société – qui pousse Michel Boujut à approfondir ses recherches. Lorsqu'un journaliste de Détective s'étonne de ce qu'il compte consacrer un livre à cette affaire somme toute « banale et ordinaire », il comprend que ce qui l'intéresse, ce n'est pas tant le fait divers en soi que « cette conjection entre la province, les années 1950, le jazz et une héroïne floue, fille de gendarme qui plus est. »
Pour lui, grand amateur de roman noir, cela ne fait pas de doute, Marie-Thérèse est l'héroïne d'une de ces histoires. Une de ces femmes dont le destin basculent subitement, à la différence qu'ici, il ne s'agit pas de fiction. Au fil des pages, Michel Boujut essaie de reconstituer le parcours de Marie-Thérèse. Féru de jazz lui aussi, il se rend compte qu'il partage avec elle des connaissances communes. Il mêle alors sa propre histoire, celle du jazz et celle des années 1950 à la vie de la jeune femme. Et lorsque il y a des zones d'ombres, il prend la liberté d'inventer, en veillant à ne jamais s’éloigner de ce qu'il suppose être la vérité.
A la frontière de la fiction et du documentaire, Michel Boujut nous fait revivre dans ce « roman-vérité » un fait divers dont on parla beaucoup dans la région toulousaine à la fin des années 1950, et qui fut aussi vite oublié. Ce texte à la forme originale nous éclaire aussi sur la société de l'époque, notamment au travers de la place qu'elle « accorda » au jazz, genre musical que défend ici l'auteur avec passion. Une lecture peu commune et très agréable.
Toulouse, 1959.
Marie-Thérèse Désormaux est une de ces jeunes filles que l'on peut qualifier de sans histoires. Issue d'une famille bien comme il faut – son père est lieutenant-colonel dans la gendarmerie –, une succession d’événements vont l'amener à se retrouver mêlée à un fait divers sanglant qui fit alors grand bruit dans le midi. Pourtant, au départ, son seul crime, c'était d'aimer le jazz.
En 1959, Michel Boujut est interpellé par une photo parue dans Sud-Ouest et la glisse entre les pages de La nuit tombe. C'est en la retrouvant dans le roman de David Goodis quarante-cinq ans plus tard, qu'il se souvient de cette affaire. Sur l'image précieusement conservée, on peut voir Marie-Thérèse Désormaux souriante poser aux côtés du chanteur de blues Big Bill Broonzy. La légende affirme : « Coïncidence ? Marie-Thérèse Désormeaux bifurqua dans la vie à partir du moment où sa passion pour le jazz prit une forme excessive. »
C'est cette insinuation du journaliste de l'époque, qui semble voir un rapport évident entre le jazz et la délinquance – ce genre musical était alors très mal vu dans les sphères supérieures de la société – qui pousse Michel Boujut à approfondir ses recherches. Lorsqu'un journaliste de Détective s'étonne de ce qu'il compte consacrer un livre à cette affaire somme toute « banale et ordinaire », il comprend que ce qui l'intéresse, ce n'est pas tant le fait divers en soi que « cette conjection entre la province, les années 1950, le jazz et une héroïne floue, fille de gendarme qui plus est. »
Pour lui, grand amateur de roman noir, cela ne fait pas de doute, Marie-Thérèse est l'héroïne d'une de ces histoires. Une de ces femmes dont le destin basculent subitement, à la différence qu'ici, il ne s'agit pas de fiction. Au fil des pages, Michel Boujut essaie de reconstituer le parcours de Marie-Thérèse. Féru de jazz lui aussi, il se rend compte qu'il partage avec elle des connaissances communes. Il mêle alors sa propre histoire, celle du jazz et celle des années 1950 à la vie de la jeune femme. Et lorsque il y a des zones d'ombres, il prend la liberté d'inventer, en veillant à ne jamais s’éloigner de ce qu'il suppose être la vérité.
A la frontière de la fiction et du documentaire, Michel Boujut nous fait revivre dans ce « roman-vérité » un fait divers dont on parla beaucoup dans la région toulousaine à la fin des années 1950, et qui fut aussi vite oublié. Ce texte à la forme originale nous éclaire aussi sur la société de l'époque, notamment au travers de la place qu'elle « accorda » au jazz, genre musical que défend ici l'auteur avec passion. Une lecture peu commune et très agréable.