Les Orphelins du rail

  1. La quête de l’Adamant

    Dans un vingtième siècle naissant et uchronique, l’Europe a choisi le chemin de fer comme moyen de locomotion privilégié. Des trains gigantesques sillonnent les contrées, faisant fi des distances, des mers er des montagnes. Pour son treizième anniversaire, Meli reçoit une invitation assez particulière, comme tous les autres orphelins de son âge : participer à une chasse au trésor organisée par le Magnat, le mystérieux propriétaire de cet empire industriel ferroviaire. Comme tant d’autres adolescents, elle va sillonner l’Europe à la recherche des pièces du puzzle qui donne l’emplacement de l’Adamant, un diamant d’une valeur inestimable.

    Fabien Clavel, dont on avait déjà beaucoup apprécié Décollage immédiat, Nuit blanche au lycée ou encore Métro Z, nous revient avec ce roman très réussi. Le pitch concernant cette chasse au trésor est intéressant, d’autant qu’elle s’implante dans une uchronie très bien trouvée, avec cet immense réseau de rails traversant la contrée européenne. Dans le même temps, les enfants dont les parents sont décédés sur les chantiers sont reclus dans des orphelinats misérables, travaillant dans des conditions épouvantables et cherchant parfois pour se nourrir le long des voies des aliments jetés par les Voyageurs, ces individus fort riches et si loin de la réalité sinistre coudoyant les trains luxueux qu’ils empruntent. Meli, en jeune fille handicapée par une jambe plus courte que l’autre suite à la poliomyélite, s’impose aussitôt comme une protagoniste attachante et originale, qui va se lancer dans la quête de ce trésor afin de subvenir aux besoins alimentaires et hygiéniques de ses compagnons. Fabien Clavel, en auteur expert de la littérature jeunesse, nous entraîne dans une traque aux indices, via des énigmes, chacune de celles-ci permettant de trouver une des pièces du casse-tête qui indiquera la position de ce fameux Adamant. Une chasse mouvementée et sans le moindre temps mort, ponctuée de rencontres avec d’autres enfants, dont certains deviendront des amis, d’autres des ennemis farouches. L’auteur a d’ailleurs concocté quelques rebondissements bien sentis – notamment concernant l’identité du Lafcadio, ce croquemitaine qui jette les jeunes sous les trains, ou encore celle du Magnat – et même le final se distingue par un twist très efficace. Fabien Clavel nous gratifie également de quelques belles réflexions quant à la camaraderie, la fidélité à ses engagements, le sacrifice ou encore la véritable valeur de l’argent.

    Un ouvrage pour la jeunesse qui, non content d’offrir de belles doses d’émotions fortes, introduit un décor atypique et de belles morales. Une réussite totale.

    /5