L'ingratitude des fils

  1. Des plaies mal cicatrisées

    Pendant l'hiver 1945, des gamins découvrent un cadavre niché dans des ruines. Détail troublant : il est en partie brûlé, sa main est peinte en noir, et on découvre dans sa bouche un papier sur lequel est écrit : « A PARM ». C'est le jeune inspecteur Maurice Clavault qui doit mener l'enquête. Dans une France trouble et troublée, son investigation ne manquera pas de rouvrir des blessures encore récentes.

    Ce roman écrit par Pierre D' Ovidio et amorçant la série consacrée à Maurice Clavault est un pur régal. L'ambiance de l'époque est parfaitement restituée, entre douleurs du passé et espérances timorées pour l'avenir, et l'on devine sans mal le formidable travail de documentation qui a été le préalable à l'édification de ce récit. Les personnages sont tous très humains, bien campés, et crédibles. Les aller-retours entre le germe des drames à venir, s'enracinant dans la Lituanie de 1926, et le présent sont réussis et enrichissent l'histoire d'une dimension humaine inoubliable. Le roman ne livre la clef de l'énigme que dans les dernières pages, à la fois poignantes et révélatrices d'une société qui essaie de tourner la page. Certes, l'intrigue passe au second plan, laissant Pierre D' Ovidio peindre le portrait de nations et de peuples en désarroi, mais elle n'en demeure pas moins émérite.

    L'ingratitude des fils est donc un roman qui tient à la fois du policier et de l'historique. On ne peut que louer l'intelligence et la pertinence de Pierre D' Ovidio de proposer un roman aussi original et instructif. Une littérature pour mémoire.

    /5