1965, à Londres. Veronica a tout pour elle : jeune, belle et intelligente, elle n’en décide pas moins de se jeter du haut d’un pont avant d’être happée par un train. La thèse du suicide est indéniable, mais sa sœur ne comprend pas un tel geste. Elle découvre par hasard que le cas de Veronica correspond à s’y méprendre à celui d’une dénommée « Dorothy » qui a été traitée par le sulfureux psychothérapeute Arthur Collins Braithwaite. Espérant découvrir si l’une des séances n’a pas dérapé au point de conduire sa sœur à l’autodestruction, elle décide d’entamer une thérapie avec Braithwaite sous une fausse identité.
Graeme Macrae Burnet nous a déjà régalé avec des ouvrages comme La Disparition d'Adèle Bedeau ou L'Accident de l'A35, et c’est avec un plaisir constant que l’on entame l’un de ses textes. On y retrouve aussitôt la langue de l’auteur, agréable, travaillée, surannée juste ce qu’il faut. Ici, l’histoire a de quoi dérouter, et les amateurs de littérature policière pure risquent même d’être déçus : pas de meurtre au sens premier du terme, pas d’indice ni de réelle investigation. L’héroïne, dont on ne connaîtra jamais le véritable prénom, se lance dans un duel à fleurets mouchetés avec le thérapeute pour essayer de découvrir si ce dernier ne serait pas au moins en partie responsable du suicide de sa sœur. Le roman fait la part belle aux analyses psychologiques, aux rencontres, aux dialogues et à la genèse de ce personnage complexe qu’est Arthur Collins Braithwaite. Rudoyé dans son enfance par ses frères, détonant, le verbe haut, adepte d’une antithérapie – le titre de l’un de ses livres – où il faut déconstruire les thérapies telles qu’elles sont actuellement pratiquées, lettré, équivoque, son portrait est en soi une petite pépite. Néanmoins, le lecteur devra en passer par beaucoup de longueurs et autres circonvolutions sans pour autant que le final ne soit véritablement à la hauteur de ce qui pouvait avoir été espéré. Il faut dès lors considérer cet opus comme un habile jeu de cache-cache mental, une intéressante reconstitution du Londres de l’époque ou un subtil dédale moral, mais en aucun cas un authentique roman à suspense. De nombreux points viendront néanmoins surprendre et interpeler, comme cette étonnante et graduelle dissociation entre la protagoniste et le personnage qu’elle s’est fabriqué, ou encore le final, inattendu.
Un récit surprenant, hautement intellectuel voire intellectualisé, qui passionnera les amateurs du genre.
1965, à Londres. Veronica a tout pour elle : jeune, belle et intelligente, elle n’en décide pas moins de se jeter du haut d’un pont avant d’être happée par un train. La thèse du suicide est indéniable, mais sa sœur ne comprend pas un tel geste. Elle découvre par hasard que le cas de Veronica correspond à s’y méprendre à celui d’une dénommée « Dorothy » qui a été traitée par le sulfureux psychothérapeute Arthur Collins Braithwaite. Espérant découvrir si l’une des séances n’a pas dérapé au point de conduire sa sœur à l’autodestruction, elle décide d’entamer une thérapie avec Braithwaite sous une fausse identité.
Graeme Macrae Burnet nous a déjà régalé avec des ouvrages comme La Disparition d'Adèle Bedeau ou L'Accident de l'A35, et c’est avec un plaisir constant que l’on entame l’un de ses textes. On y retrouve aussitôt la langue de l’auteur, agréable, travaillée, surannée juste ce qu’il faut. Ici, l’histoire a de quoi dérouter, et les amateurs de littérature policière pure risquent même d’être déçus : pas de meurtre au sens premier du terme, pas d’indice ni de réelle investigation. L’héroïne, dont on ne connaîtra jamais le véritable prénom, se lance dans un duel à fleurets mouchetés avec le thérapeute pour essayer de découvrir si ce dernier ne serait pas au moins en partie responsable du suicide de sa sœur. Le roman fait la part belle aux analyses psychologiques, aux rencontres, aux dialogues et à la genèse de ce personnage complexe qu’est Arthur Collins Braithwaite. Rudoyé dans son enfance par ses frères, détonant, le verbe haut, adepte d’une antithérapie – le titre de l’un de ses livres – où il faut déconstruire les thérapies telles qu’elles sont actuellement pratiquées, lettré, équivoque, son portrait est en soi une petite pépite. Néanmoins, le lecteur devra en passer par beaucoup de longueurs et autres circonvolutions sans pour autant que le final ne soit véritablement à la hauteur de ce qui pouvait avoir été espéré. Il faut dès lors considérer cet opus comme un habile jeu de cache-cache mental, une intéressante reconstitution du Londres de l’époque ou un subtil dédale moral, mais en aucun cas un authentique roman à suspense. De nombreux points viendront néanmoins surprendre et interpeler, comme cette étonnante et graduelle dissociation entre la protagoniste et le personnage qu’elle s’est fabriqué, ou encore le final, inattendu.
Un récit surprenant, hautement intellectuel voire intellectualisé, qui passionnera les amateurs du genre.