Enfers.com

  1. Meurtres entre réalité et virtualité

    Lorsque l'inspecteur Yoshiro pénètre dans un appartement de la Douzième Rue de New York, c'est pour y découvrir un habitat sans cadavre ni sang. Le locataire était un pédophile qui a disparu. Au fur et à mesure de son enquête, le policier se rend compte que quelqu'un semble avoir décidé de rendre la justice contre ceux qui s'en sont pris à des enfants. Il lui faudra toute l'aide de la neuropsychiatre Lisa Cavalcante pour comprendre les motivations du prédateur, d'autant que ce dernier n'en est qu'au début de ses crimes...

    Après Brain Damage, Julia Tommas signe une suite très réussie. Le récit est particulièrement bien écrit, et le lecteur aura la joie de découvrir des univers très différents et parfaitement documentés : les états de conscience minimale, la cartographie du cerveau, l'autisme, Internet, etc. Ce thriller ressemble à ce qu'auraient pu écrire d'autres plumes émérites du roman policier comme Jeffery Deaver ou Olivier Descosse, avec des connaissances médicales qui rappelleront probablement les récits de Thierry Serfaty, tout en conservant son identité propre. Divisé en quatre-vingt-six chapitres courts et haletants, Enfers.com est un remarquable opus, à la fois prenant et effrayant, donnant à voir les plus sombres pans de l'âme humaine sans pour autant tomber dans le piège du voyeurisme. Les deux héros de l'enquête, Kenji Yoshiro et Lisa Cavalcante, sont très bien campés, le premier encore traumatisé par le sanglant enlèvement dont il fut jadis la victime, et la seconde se mettant en danger pour prouver qu'une patiente n'est pas le légume dépeint par certains membres de sa famille. Le lecteur passera de scènes d'une grande tension psychologique à des moments de pur suspense, avec un final remarquable dans le ventre de New York.

    Enfers.com est donc un ouvrage admirable, maîtrisé de bout en bout par Julia Tommas dont l'imagination et le talent ne font que se confirmer. Après Brain Damage, il n'y a plus qu'à espérer un troisième livre de la même tenue, car l'habileté de Julia Tommas n'a strictement rien à envier à celle des rois du thriller.

    /5