La valse des gueules cassées

  1. Victimes sans visage

    Au sortir de la Première Guerre mondiale, la France est un vaste chantier, et une nation traumatisée par les massacres. La police est également en reconstruction, et c’est dans ces circonstances troublées que François-Claudius Simon entre au service du Quai des Orfèvres. Migraineux à cause d’un éclat de métal resté dans le crâne, François-Claudius se voit confier sa première affaire : on retrouve dans Paris des cadavres aux faciès massacrés. Y a-t-il un lien avec les gueules cassées, ces malheureux soldats ayant survécu aux combats mais défigurés ?

    Premier ouvrage de la série consacrée à François-Claudius Simon, cette Valse des gueules cassées est une véritable réussite. Guillaume Prévost dispose d’une plume particulièrement talentueuse qu’il met au service de l’ambiance, des personnages et de l’intrigue. Rapidement, le lecteur est happé par l’atmosphère singulière de l’après-guerre, faite de désillusions, de douleurs indicibles et dans le même temps, d’espoirs de résurrection. Le Paris de l’époque est très bien rendu, avec une économie de mots. Les personnages sont également très bien dépeints : denses, attachants, et crédibles. D’ailleurs, il s’agissait pour l’auteur de poser les jalons des ouvrages suivants, puisque l’on retrouvera notamment Elsa et, bien sûr, François-Claudius Simon, dans Le Bal de l’équarisseur. Le scénario est tout aussi réussi, avec des fausses pistes et des rebondissements judicieux.

    Guillaume Prévost avait déjà ébloui avec ses précédents romans historiques qu’étaient L’Assassin et le prophète, Les Sept crimes de Rome et Le Mystère de la chambre obscure. Autres lieux, autres périodes, mais demeure un talent indéniable de conteur et de scénariste : Guillaume Prévost fait assurément partie de ces plumes dont on parle trop peu.

    /5