Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti

(Dee Gong An)

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  • 7/10 Le juge Ti ne chôme pas, puisqu'il doit résoudre pas moins de trois affaires épineuses en quelques jours. Les affaires en question le confrontent à diverses oppositions (le traditionnel crime sans preuve, un assassin inconnu en fuite et un empoisonnement) dont il se tirera évidemment avec les honneurs, mais pas sans frayeurs. On est ici dans le cadre typique du roman policier chinois, aussi bien au niveau du rythme assez lent que de la précision des détails (en particulier pour ce qui concerne les procédures, dont les tortures), ainsi que de la présence d'un fantastique léger et presque naturel. Ces trois enquêtes forment donc un livre agréable, qui plaira sans doute avant tout par son cadre que par un suspense qui est finalement relégué au second plan.

    02/10/2014 à 19:09 Horatio (294 votes, 7.5/10 de moyenne)

  • 7/10 Le sinologue néerlandais Robert Van Gulik, avant d’écrire ses propres ouvrages centrés sur le juge Ti, a traduit en anglais un roman anonyme du XVIIIe siècle « Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti». Le chercheur a choisi un récit qui correspond aux goûts occidentaux (voir un billet précédent). Le coupable n’est pas connu dès les premières pages, le surnaturel reste peu présent, les digressions n’abondent pas et l’intrigue est bien ficelée. L’enquêteur, comme dans tous les romans policiers traditionnels, est un magistrat qui mêlera rigueur, logique et adroits interrogatoires pour faire « triompher la vérité ». Une partie du roman se déroule au tribunal, où le juge dirige avec fermeté les investigations et questionne les suspects. Ce qui ne l’empêche pas de se déplacer, même parfois déguisé pour mieux s’immiscer dans la population suspecte. Face à trois crimes, mêlant, cupidité et passion, le juge Ti nous emmène dans une découverte de la Chine à travers diverses couches sociales, marchands ambulants de soie, préfets, commerçants et lettrés. Ces écrits permettent également de mieux saisir le fonctionnement du tribunal et de la justice au niveau local. Comme le souligne Van Gulik dans son introduction « Il faut porter au crédit de l’esprit démocratique qui a toujours caractérisé le peuple chinois, malgré l’ancienne forme autocratique de son gouvernement, que l’instrument de contrôle le plus puissant de tout abus du pouvoir judiciaire était l’opinion publique. Toutes les audiences du tribunal étaient publiques, et la ville entière était au courant et discutait les délibérations du tribunal. Un juge cruel ou arbitraire n’aurait pas tardé à voir la population se dresser contre lui ».

    L’épaisseur psychologique est confinée au minimum, ce qui certes ne diminue pas la qualité et l’intérêt de l’œuvre très vivante et entraînante. Un bon moment de lecture immergé dans la Chine ancienne.

    PS : on peut noter le souci du détail et de justice (?) dans les châtiments suprêmes. En effet, un criminel sera « condamné à être décapité ; sa tête sera exposée trois jours durant à la porte de la ville et tous ses biens seront confisqués ». Un autre « mourra par strangulation de manière que mort s’ensuive immédiatement ; son corps ne sera pas exposé au public ; cette faveur en considération des services méritoires rendus le père et le grand-père (du condamné) ». La dernière « est condamnée à mort lente, mais de manière que la mort s’en suive dès la première incision ; cette faveur étant concédée en considération des tortures qu’elle a subies lors des interrogatoires qu’elle a subies lors de son interrogatoire. Ses biens ne seront pas confisquées, eu égard au fait qu’elle laisse une vieille mère. Mais sa tête sera exposée trois jours durant à la porte de la ville.» !!!

    17/06/2010 à 11:24 xavier (853 votes, 7.8/10 de moyenne) 1