Les disparus de l'A16

  1. Les premiers pas de Virginia Valmain

    Une série de disparitions suspectes émaille l'actualité de la commune de Saint-Folquin, dans le nord de la France. La femme de l'un de ces disparus contacte la détective privée Virginia Valmain qui accepte cette mission. Sauf que Virginia n'est pas une enquêtrice comme les autres : c'est une véritable vamp accompagnée d'individus atypiques et inclassables, comme Lao-Tseu, grand Noir amateur de citations du philosophe, Mère-Grand, lesbienne à la verve détonante, ou encore Curly, ainsi surnommé en raison de son minuscule pénis. Quand cette clique déboule pour dénouer les fils de cette intrigue, il n'y a plus qu'à débarrasser le parquet. Et vite !

    Première collaboration de Maxime Gillio et de Virginia Valmain, Les disparus de l'A16 ne peut être entamé sans avoir pris connaissance de l'avertissement porté sur la quatrième de couverture : « Amateurs de bon goût et de bonnes manières, s'abstenir, ce livre n'est pas pour vous ». Et il faut reconnaître que cette maxime prend toute son importance dès le début de ce roman à suspense : grand fan de Frédéric Dard, Maxime Gillio et sa complice littéraire n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Les jeux de mots sont hardis, les situations sacrément rocambolesques et les protagonistes pittoresques. Les écrivains se jouent des codes habituels de la littérature policière, avec notamment des notes de bas de page qui interpellent le lecteur. Vous l'aurez compris : on est ici plongé dans un délire clairement affirmé et totalement débridé. On s'en prend plein les mirettes, avec des scènes marquantes comme ce débat quant au pourquoi des habits de Hulk, les problèmes d'acné de la mairesse, ou les alexandrins invariablement paillards du légiste. De ce point de vue, certains lecteurs reprocheront aux deux auteurs d'avoir bien trop forcé le trait tandis que d'autres se régaleront d'une telle liberté de parole, qui plus est associée à une intrigue qui tient parfaitement la route.

    Les disparus de l'A16 est donc un livre qui ne laissera pas indifférent : on adore ou on déteste. C'est du gras pur jus. Mais quand on aime ce type de littérature décomplexée, on se laisse très facilement emporter par la verve crue de Maxime Gillio et de Virginia Valmain. Et quand ce type de lecteur achèvera cet opus, il aura le rouge aux joues, un peu honteux d'avoir tant ri de ces blagues potaches, mais heureux d'avoir passé un si bon moment.

    /5