La vie est un sale boulot

  1. Crimes équatoriaux

    Chicano respire de nouveau l’air de Libreville après quatre ans passés derrière les barreaux pour braquage. Durant ces longues années, personne n’est venu lui rendre visite et le jeune homme, déboussolé, erre dans les rues de la capitale gabonaise. Il se décide finalement à aller voir sa petite amie de l’époque. Seulement, elle s’est mariée et ne veut plus entendre parler de lui.
    Pour le remercier d’avoir tenu sa langue, ses complices de braquage lui proposent une nouvelle collaboration. Chicano hésite, bien sûr, mais finit par accepter. Pas sûr qu’il s’agissait de la meilleure solution…

    Ce qui interpelle en premier lieu à la lecture de La vie est un sale boulot, c’est le travail sur l’écriture. Janis Otsiémi va droit au but, dans un argot simple mais néanmoins enrichi d’expressions locales, ce qui lui confère un charme certain.
    On comprend assez rapidement qu’Otsiémi n’est pas de ces auteurs qui protègent leurs personnages à outrance, bien au contraire. Il n’hésite pas à les malmener, envoyant ce pauvre Chicano se frotter aux gros durs de la pègre gabonaise pour entamer sa « réinsertion ».
    Otsiémi n’épargne pas non plus son pays, nous décrivant ses travers et appuyant intelligemment là où ça fait mal. On découvre alors un Gabon totalement corrompu, des plus hauts fonctionnaires aux agents de police, en passant par l’armée. Les ruelles de Libreville, dans lesquelles se déroulent tous types de trafics, semblent de plus ne pas avoir grand-chose à envier aux bas-fonds des métropoles occidentales.

    On retrouve finalement dans La vie est un sale boulot la quintessence du roman noir, le dépaysement en prime. Ajoutez à cela une intrigue maîtrisée et l’écriture travaillée de Janis Otsiémi et vous passerez un bon moment de lecture avec ce polar gabonais très réussi.

    /5