Reikiller

  1. L’ombre du Désosseur

    Un gliome infiltrant du tronc cérébral : voilà de quoi souffre Luna, la fille de cinq ans de Jenny et de Didier. Le couple ne parvient pas à surmonter la douleur de cette maladie qui va, à court terme, mettre fin aux jours de leur enfant. Jenny travaille dans la troupe du Satyre Rieur, un cabaret périgourdin, tandis que Didier est gendarme à la brigade de recherches de Sarlat. Des femmes, allemandes, sont enlevées, et l’on découvre ensuite leurs scalps puis leurs cadavres. Un tueur en série semble être à l’œuvre dans les parages. Dans le même temps, Virginie, la patronne du cabaret, propose à Jenny un pacte insensé : sauver Luna d’une mort certaine grâce au reiki, une méthode de soin controversée venue du Japon. Et si tout était lié ?

    Laurent Philipparie, avec ce seulement troisième roman, nous régale. Commandant de police à Bordeaux, sa reconversion littéraire est une véritable réussite. Grâce à des chapitres courts, une écriture soignée et des personnages enlevés, il n’a aucun mal à saisir l’attention du lecteur, du début à la fin de son histoire. De nombreux éléments viennent se souder à cette intrigue : la Seconde Guerre mondiale et la Résistance, Joséphine Baker, la psychogénéalogie, les vies antérieures, les spectres du passé, le lébérou – créature folklorique du Périgord, ou encore le rapport si particulier de l’Occident à la spiritualité. Les scènes de danse et de spectacle au Satyre Rieur, où l’on peut observer tant la majesté des représentations que l’envers du décor, même si elles ne sont pas de prime abord nécessaires, constituent en soi de pures prodiges artistiques. Le côté policier est très réussi, venant brasser pléthore d’ingrédients pour un résultat final solide alors qu’il aurait pu avoir la saveur ratée des mets composés de trop d’aliments. Un suspense d’une excellente tenue parcouru de scènes très émouvantes, comme celles où apparaît Luna.

    Pas le moindre temps mort dans cet impeccable thriller de Laurent Philipparie. Croisons d’ores et déjà les doigts pour que les opus suivants soient au moins aussi réussis.

    /5