Les Incandescentes

(The Burning Girls)

  1. Les fantômes de Chapel Croft

    Jacqueline – surnommée Jack – Brooks accepte un poste de révérend par intérim dans la bourgade de Chapel Croft après un drame professionnel. Accompagnée de son adolescente de fille Flo, elle ignore encore que ce village est durablement marqué par la figure des « Incandescentes », huit personnes brûlées durant les années 1550, également appelées les « Martyrs du Sussex », dont on reproduit le calvaire avec de petites figurines faites de brindilles. Y a-t-il un lien avec la disparition inexpliquée de deux ados, Merry et Joy, en mai 1990 ?

    C. J. Tudor nous avait déjà régalés avec ses excellents thrillers qu’étaient L'Homme craie, La Disparition d'Annie Thorne et L'Ombre des autres, et c’est avec une joie indicible que nous avons entamé ces Incandescentes, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bonheur a de nouveau été au rendez-vous. On y retrouve la plume si caractéristique de l’écrivaine, jubilatoire, ciselée, agrémentée de nombreux traits d’humour, notamment lors de réparties croustillantes. S’appuyant sur un pitch alléchant, elle multiplie les personnages dans cette campagne anglaise où de multiples drames sont survenus et affleurent encore : de jeunes filles évaporées, un révérend également disparu dans le même temps, le prédécesseur de Jack retrouvé pendu, le mari de notre héroïne assassiné, d’étranges apparitions surnaturelles, des cercueils retrouvés par hasard, un jeune type handicapé par sa dystonie, etc. Les fausses pistes s’enchaînent et les révélations se font particulièrement nombreuses, notamment dans les cinquante dernières pages. C. J. Tudor tisse une ambiance si spécifique aux traditionnels whodunits et introduit alors son inénarrable talent de conteuse pour nous gratifier de rebondissements très réussis, sans jamais verser dans le sordide.

    Un pur délice littéraire, d’un bout à l’autre et sans le moindre temps mort, confirmant sans peine l’immense habileté de C. J. Tudor à confectionner des intrigues solides et des récits d’une rare efficacité. Entre ses doigts, le lecteur devient à son tour une marionnette, et cette soumission est un régal.

    /5