Diego Abrio a vingt-deux ans. Quelques années auparavant, il avait été condamné pour avoir tué Mona Goverts dans un accident de voiture alors qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool et du cannabis. Mais une nouvelle loi est passée (celle dite du « relâchement »), permettant une libération anticipée à des prisonniers à partir du moment où ils auront obtenu suffisamment de suffrages sur une application officielle du Ministère de la Justice appelée « Guilty ». Une remise de peine purement philanthropique ? Non, parce que les individus relâchés seront munis d’un bracelet électronique qui signalera leur position tous les jours à dix-neuf heures et pourront devenir la proie de lyncheurs. Qu’adviendra-t-il de Diego ?
A la lecture de ce résumé, impossible de ne pas penser au Running Man de Stephen King, sorti en 1982 et porté à l’écran. Mais simplifier ce roman Guilty serait bien méconnaître Jean-Christophe Tixier, l’auteur de très bons ouvrages pour la jeunesse comme Sept ans plus tard, Foulée d’enfer ou Un Dossard pour l’enfer pour ne citer qu’eux. A ce pitch, l’écrivain insuffle de puissantes respirations où se mêlent tant et tant d’émotions contraires. Il rompt la linéarité du récit en y incluant des flashbacks, des plans de géolocalisation, des extraits de l’interrogatoire de Diego, des échanges de messages de personnes déversant parfois leur haine animale et irraisonnée, ou encore des passages de Radio Fréquence Plus. En outre, le scénario n’est pas un prétexte à de l’action saturée d’hémoglobine ou de testostérone : s’il y a des moments d’action et de suspense – très bien écrits, d’ailleurs, Jean-Christophe Tixier se focalise davantage sur des questions humaines, presque vitales, comme le poids de la culpabilité, la reconstruction morale d’un être qui a commis un acte irréparable par inadvertance, la furie des hordes vengeresses lorsque la foule devient une entité nécessairement bienpensante, ou ce que doit être la loi. Diego croisera toutes sortes de protagonistes, ceux qui veulent lui faire payer à tout prix un crime qui ne leur est que lointain, les membres de la famille de Mona, d’anciens camarades prêts à lui venir en aide, mais également les Partisans d’une Justice Equitable qui proposent, de manière pour ainsi dire clandestine, de placer ces « relâchés » dans une prison alternative afin qu’ils y effectuent le reste de leur peine et échappent à leurs traqueurs. Dans ce livre, tout sonne juste, des psychologies aux dialogues, en passant par les situations et les dérives d’une société devenue arbitraire et inique.
Un brûlot dont on ne peut que saluer l’écriture passionnante, le sujet audacieux et son traitement qui ne l’est pas moins. Un excellent roman, ambitieux et diablement efficace, que l’on souhaite bien évidemment ne pas être prémonitoire. L’épilogue annonce un autre opus de la série en octobre 2021 : on le recommande d’ores et déjà chaudement.
Diego Abrio a vingt-deux ans. Quelques années auparavant, il avait été condamné pour avoir tué Mona Goverts dans un accident de voiture alors qu’il conduisait sous l’emprise de l’alcool et du cannabis. Mais une nouvelle loi est passée (celle dite du « relâchement »), permettant une libération anticipée à des prisonniers à partir du moment où ils auront obtenu suffisamment de suffrages sur une application officielle du Ministère de la Justice appelée « Guilty ». Une remise de peine purement philanthropique ? Non, parce que les individus relâchés seront munis d’un bracelet électronique qui signalera leur position tous les jours à dix-neuf heures et pourront devenir la proie de lyncheurs. Qu’adviendra-t-il de Diego ?
A la lecture de ce résumé, impossible de ne pas penser au Running Man de Stephen King, sorti en 1982 et porté à l’écran. Mais simplifier ce roman Guilty serait bien méconnaître Jean-Christophe Tixier, l’auteur de très bons ouvrages pour la jeunesse comme Sept ans plus tard, Foulée d’enfer ou Un Dossard pour l’enfer pour ne citer qu’eux. A ce pitch, l’écrivain insuffle de puissantes respirations où se mêlent tant et tant d’émotions contraires. Il rompt la linéarité du récit en y incluant des flashbacks, des plans de géolocalisation, des extraits de l’interrogatoire de Diego, des échanges de messages de personnes déversant parfois leur haine animale et irraisonnée, ou encore des passages de Radio Fréquence Plus. En outre, le scénario n’est pas un prétexte à de l’action saturée d’hémoglobine ou de testostérone : s’il y a des moments d’action et de suspense – très bien écrits, d’ailleurs, Jean-Christophe Tixier se focalise davantage sur des questions humaines, presque vitales, comme le poids de la culpabilité, la reconstruction morale d’un être qui a commis un acte irréparable par inadvertance, la furie des hordes vengeresses lorsque la foule devient une entité nécessairement bienpensante, ou ce que doit être la loi. Diego croisera toutes sortes de protagonistes, ceux qui veulent lui faire payer à tout prix un crime qui ne leur est que lointain, les membres de la famille de Mona, d’anciens camarades prêts à lui venir en aide, mais également les Partisans d’une Justice Equitable qui proposent, de manière pour ainsi dire clandestine, de placer ces « relâchés » dans une prison alternative afin qu’ils y effectuent le reste de leur peine et échappent à leurs traqueurs. Dans ce livre, tout sonne juste, des psychologies aux dialogues, en passant par les situations et les dérives d’une société devenue arbitraire et inique.
Un brûlot dont on ne peut que saluer l’écriture passionnante, le sujet audacieux et son traitement qui ne l’est pas moins. Un excellent roman, ambitieux et diablement efficace, que l’on souhaite bien évidemment ne pas être prémonitoire. L’épilogue annonce un autre opus de la série en octobre 2021 : on le recommande d’ores et déjà chaudement.