Gustave Masurier, dit « Gus », est journaliste au Havre. Au cours d’une déambulation, un homme est abattu d’une balle en pleine tête à une quinzaine de mètres de lui. La victime, Roger Prioul, semble avoir été abattu par un professionnel. Pourtant, rien chez lui n’indique qu’il pouvait être la cible d’un tueur à gage : dessinateur industriel, il œuvrait également dans un club de football, et sa seule aspérité était la bigamie. Aidé par le commissaire Jouvenel, Gus va tenter de comprendre le mobile de l’assassin.
Voici la réédition d’un livre publié pour la première fois en 1992, une bien belle occasion de se replonger dans la bibliographie de Philippe Huet. Assez court (environ deux cent soixante pages), ce roman nous plonge dans un Havre que l’auteur connaît parfaitement et, à travers les descriptions, on sent nettement la nostalgie qui s’exhale de la plume de l’auteur : la topographie bousculée, le lointain passé industriel, les commerces qui ferment. Dans le même temps, on nourrit rapidement de la sympathie pour Gus. Journaliste un brin désabusé, dans la quarantaine, il a perdu son épouse lors d’un accident de voiture avant de nouer une relation inattendue avec Vickie, une femme d’une vingtaine d’années sa cadette. Son métier est aussi en plein bouleversement, avec l’arrivée aux manettes de son journal d’un magnat qui ne lui inspire guère confiance, risquant de mettre à mal la déontologie du canard tout entier. L’enquête est très intéressante et bien menée, même si elle passe parfois au second plan, et sa résolution surprend : en quelques mots, grâce à la confession écrite du tueur, Philippe Huet nous désarçonne avec une motivation à la fois simple et étonnante, digne des plus terribles faits divers dont le journal de Gus aurait pu se faire l’écho. D’ailleurs, cette information viendra battre en brèche l’idée que l’on se faisait de cet assassin : il était aussi adroit et expérimenté qu’un commando, froid tel le pire des spadassins, mais ce rebondissement apporte un semblant de chaleur humaine à cet individu qui va néanmoins supprimer trois vies au cours du récit.
Un roman noir d’une bien belle tenue, sombre et traversé d’un spleen communicatif, où Philippe Huet nous dévoile un Havre en pleine mutation, sur lequel s’abat lentement l’aurore d’un vingtième siècle moribond.
Gustave Masurier, dit « Gus », est journaliste au Havre. Au cours d’une déambulation, un homme est abattu d’une balle en pleine tête à une quinzaine de mètres de lui. La victime, Roger Prioul, semble avoir été abattu par un professionnel. Pourtant, rien chez lui n’indique qu’il pouvait être la cible d’un tueur à gage : dessinateur industriel, il œuvrait également dans un club de football, et sa seule aspérité était la bigamie. Aidé par le commissaire Jouvenel, Gus va tenter de comprendre le mobile de l’assassin.
Voici la réédition d’un livre publié pour la première fois en 1992, une bien belle occasion de se replonger dans la bibliographie de Philippe Huet. Assez court (environ deux cent soixante pages), ce roman nous plonge dans un Havre que l’auteur connaît parfaitement et, à travers les descriptions, on sent nettement la nostalgie qui s’exhale de la plume de l’auteur : la topographie bousculée, le lointain passé industriel, les commerces qui ferment. Dans le même temps, on nourrit rapidement de la sympathie pour Gus. Journaliste un brin désabusé, dans la quarantaine, il a perdu son épouse lors d’un accident de voiture avant de nouer une relation inattendue avec Vickie, une femme d’une vingtaine d’années sa cadette. Son métier est aussi en plein bouleversement, avec l’arrivée aux manettes de son journal d’un magnat qui ne lui inspire guère confiance, risquant de mettre à mal la déontologie du canard tout entier. L’enquête est très intéressante et bien menée, même si elle passe parfois au second plan, et sa résolution surprend : en quelques mots, grâce à la confession écrite du tueur, Philippe Huet nous désarçonne avec une motivation à la fois simple et étonnante, digne des plus terribles faits divers dont le journal de Gus aurait pu se faire l’écho. D’ailleurs, cette information viendra battre en brèche l’idée que l’on se faisait de cet assassin : il était aussi adroit et expérimenté qu’un commando, froid tel le pire des spadassins, mais ce rebondissement apporte un semblant de chaleur humaine à cet individu qui va néanmoins supprimer trois vies au cours du récit.
Un roman noir d’une bien belle tenue, sombre et traversé d’un spleen communicatif, où Philippe Huet nous dévoile un Havre en pleine mutation, sur lequel s’abat lentement l’aurore d’un vingtième siècle moribond.