Ne me cherche pas demain

(In the Morning I'll be Gone)

  1. Retour en force pour Sean Duffy

    Irlande du Nord, 1983.
    Quasi éjecté de la police après quelques déboires et ce qui semble être un coup monté, Sean Duffy se voit proposer un marché par le MI5. Dermot McCann, artificier chevronné de l’IRA, vient de s’évader de la prison de Maze. Les renseignements britanniques n’ignorent pas que Dermot et Sean sont des amis d’enfance et font le pari que ce dernier, connaissant bien la famille et les proches de McCann, saura peut-être le débusquer mieux que n’importe quel agent de la Couronne. S’il le trouve, Sean sera réintégré comme il se doit. Seulement, les McCann sont taiseux, surtout avec un « traître ». Jusqu’à ce que Mary Fitzpatrick, une mère de famille endeuillée par le décès peu clair de sa fille, lui propose un marché. Un tuyau sur Dermot McCann contre la lumière sur la mort de Lizzie, affaire classée un peu vite par la police à l’époque.

    Cela fait déjà sept ans que les amateurs d’Adrian McKinty attendaient la suite des enquêtes de Sean Duffy. Les deux premières avaient été publiées par Stock dans sa trop éphémère collection Cosmopolite Noire en 2013. Depuis, rien de ce côté de la Manche hormis La Chaîne, un thriller assez éloigné de l’univers irlandais de l’auteur, paru chez Mazarine au printemps dernier.
    Quel plaisir de retrouver le personnage charismatique d’Une terre si froide et Dans la rue j’entends les sirènes ! Duffy est toujours aussi caustique et désabusé, les dialogues font mouche, et l’auteur glisse même au gré des chapitres quelques touches d’humour bienvenues. L’aspect historique est travaillé et c’est un régal que de voir évoluer notre personnage et ses collègues parmi une galerie de personnalités existantes, de Joe Kennedy à Margaret Thatcher.
    La double enquête est passionnante et Adrian McKinty parvient à jongler avec brio entre la traque – peu fructueuse – d’un activiste de l’IRA et un supposé meurtre en chambre close. Lizzie a été retrouvée, la nuque brisée et une ampoule à la main à côté d’un tabouret, dans le bar où elle travaillait, dont les deux portes étaient verrouillées de l’intérieur à l'arrivée de la police.
    Rappelant par certains aspects le célèbre Patrick Kenzie de Dennis Lehane, Sean Duffy est un personnage attachant qu’on ne peut s’empêcher de détester par moments.

    8e roman traduit en français et déjà le 5e éditeur pour Adrian McKinty, auteur pourtant non dénué de qualités. Espérons que l’Irlandais trouve un peu de stabilité en France et que ses lecteurs n’auront pas à patienter des années pour lire la suite des aventures mouvementées de Sean Duffy – déjà six titres parus outre-Manche.

    /5