L’inspecteur Hugo Boloren découvre un journal près de chez lui qui lui apprend que Douve vient de connaître un assassinat. Celui que l’on surnommait Dédé a été tué à coups de marteau. Il se trouve que les parents d’Hugo – sa mère en tant que journaliste et écrivaine, et son père qui était policier – avaient enquêté dans ce village complètement perdu sur le cas d’un Islandais, Andrès Drengursson, qui avait tué sa femme et leurs deux enfants en les empoisonnant. Il est en outre persuadé que son père n’est pas son véritable géniteur, aussi décide-t-il, presque sur un coup de tête, de se rendre sur place. Mais le passé n’a pas fini d’essayer de dissimuler de lourds secrets.
Ce roman de Victor Guilbert est un pur enchantement. Dès les premiers paragraphes, l’auteur nous séduit par sa langue si particulière et ses personnages croustillants. Hugo Boloren compose d’ailleurs un protagoniste sacrément atypique : il a renoncé à fumer et substitué la dégustation d’un carré de chocolat à chaque fois qu’il est tenté par une cigarette. Son calme et son apparente fragilité côtoient un système de déduction très spécifique, ce qu’il appelle « la bille », où ses raisonnements s’accomplissent jusqu’à ce que cette sphère fictive vienne percuter une vérité trop longtemps recherchée. Son paternel lui a un jour indiqué qu’il « a Douve dans les veines », et puisqu’il n’a jamais véritablement compris cette formule, d’autant que son père est mort depuis et que sa mère est victime de la maladie d’Alzheimer, c’est au cœur de Douve qu’il va tâcher de comprendre le sens de cette sentence. D’ailleurs, Douve est en soi un individu : cerné de forêts et de marécages, reclus comme un animal apeuré, situé au bout d’une impasse, le patelin tient de l’authentique village fantôme, dont les habitants ne sont pas décidés à parler aussi facilement. Victor Guilbert nous ensorcelle avec un rythme volontairement apaisé, sans pyrotechnie ni scène dantesque, et les moments de tension – comme la longue chasse à l’homme dans les bois – n’en paraissent que d’autant plus explosifs. Le récit est habilement entrecoupé d’extraits de L’Evadé, le livre écrit par la mère d’Hugo, et ces alternances entre le présent et le passé sont de purs bijoux de narration. Et ce beau plaisir de littérature est amplifié par le dénouement, en plusieurs temps, très habile et crédible, avec une vérité insoupçonnée apparaissant aussi sur un quai d’embarquement.
Un subtil mélange d’ambiance poisseuse et de polar rural, sublimé par une écriture magnifique. Victor Guilbert frappe fort, et l’on se tournera avec convoitise vers les autres romans de la série consacrée à Hugo Boloren.
L’inspecteur Hugo Boloren découvre un journal près de chez lui qui lui apprend que Douve vient de connaître un assassinat. Celui que l’on surnommait Dédé a été tué à coups de marteau. Il se trouve que les parents d’Hugo – sa mère en tant que journaliste et écrivaine, et son père qui était policier – avaient enquêté dans ce village complètement perdu sur le cas d’un Islandais, Andrès Drengursson, qui avait tué sa femme et leurs deux enfants en les empoisonnant. Il est en outre persuadé que son père n’est pas son véritable géniteur, aussi décide-t-il, presque sur un coup de tête, de se rendre sur place. Mais le passé n’a pas fini d’essayer de dissimuler de lourds secrets.
Ce roman de Victor Guilbert est un pur enchantement. Dès les premiers paragraphes, l’auteur nous séduit par sa langue si particulière et ses personnages croustillants. Hugo Boloren compose d’ailleurs un protagoniste sacrément atypique : il a renoncé à fumer et substitué la dégustation d’un carré de chocolat à chaque fois qu’il est tenté par une cigarette. Son calme et son apparente fragilité côtoient un système de déduction très spécifique, ce qu’il appelle « la bille », où ses raisonnements s’accomplissent jusqu’à ce que cette sphère fictive vienne percuter une vérité trop longtemps recherchée. Son paternel lui a un jour indiqué qu’il « a Douve dans les veines », et puisqu’il n’a jamais véritablement compris cette formule, d’autant que son père est mort depuis et que sa mère est victime de la maladie d’Alzheimer, c’est au cœur de Douve qu’il va tâcher de comprendre le sens de cette sentence. D’ailleurs, Douve est en soi un individu : cerné de forêts et de marécages, reclus comme un animal apeuré, situé au bout d’une impasse, le patelin tient de l’authentique village fantôme, dont les habitants ne sont pas décidés à parler aussi facilement. Victor Guilbert nous ensorcelle avec un rythme volontairement apaisé, sans pyrotechnie ni scène dantesque, et les moments de tension – comme la longue chasse à l’homme dans les bois – n’en paraissent que d’autant plus explosifs. Le récit est habilement entrecoupé d’extraits de L’Evadé, le livre écrit par la mère d’Hugo, et ces alternances entre le présent et le passé sont de purs bijoux de narration. Et ce beau plaisir de littérature est amplifié par le dénouement, en plusieurs temps, très habile et crédible, avec une vérité insoupçonnée apparaissant aussi sur un quai d’embarquement.
Un subtil mélange d’ambiance poisseuse et de polar rural, sublimé par une écriture magnifique. Victor Guilbert frappe fort, et l’on se tournera avec convoitise vers les autres romans de la série consacrée à Hugo Boloren.