Or, encens et poussière

(Oro, incenso e polvere)

  1. Soneri en plein brouillard

    Le commissaire Soneri est appelé en catastrophe pour aider des collègues à s’y retrouver dans un carambolage géant sur l’autoroute, non loin de Parme. Il est le seul à connaître sur le bout des doigts cette zone de la plaine du Pô où le brouillard est à couper au couteau. Dans cette purée de pois, les secours peinent à faire le nécessaire, des camions sont renversés, des vaches et des taureaux divaguent, des gitans seraient en train de piller les environs, des coups de feu se font entendre. En parcourant les environs, Soneri trouve par hasard dans un fossé le cadavre carbonisé d’une jeune femme. Quelqu’un a profité de la confusion et du brouillard pour se débarrasser d’un corps. Reste à trouver qui.

    Les éditions Agullo nous avaient permis de faire la connaissance du commissaire Soneri en 2016 avec Le Fleuve des brumes. À raison d’un titre par an, nous en sommes déjà au cinquième épisode de cette excellente série qui en compte déjà quinze de l’autre côté des Alpes. Dans cet opus dont les conditions météo dantesques du début rappellent quelque peu sa première aventure traduite (Le Fleuve des brumes est en vérité la quatrième enquête de Soneri), notre Maigret italien est rapidement confronté à une double enquête. D’un côté, il y a cette jeune femme brûlée retrouvée à proximité d’un camp de gitans. De l’autre, un vieillard est retrouvé mort à la gare routière de Parme, dans un car en provenance de Bucarest. En plus de ça, Angela, sa compagne, semble de plus en plus distante et Soneri la soupçonne de voir quelqu’un d’autre.
    Tout ce qui fait le succès de la série de grande qualité de Valerio Varesi est une fois de plus au rendez-vous. La double intrigue est efficace, avec son lot de fausses pistes, de rebondissements bien sentis et un final réussi. Soneri est toujours aussi attachant malgré son côté bougon et ses accès de mélancolie. On fait la connaissance d’un excellent personnage secondaire : Sbarazza est un marquis ruiné qui conserve une apparence impeccable et qui, dans le restaurant favori de Soneri, s’assoit à la table des belles femmes qui ont laissé à manger pour finir les reliefs de leur repas. Perspicace et philosophe, il va aider Soneri à y voir plus clair à tous les niveaux. Et pour joindre l'utile à l'agréable, il est d’une excellente compagnie pour partager ce que la gastronomie parmesane offre de meilleur, le commissaire étant adepte de bons plats et de bons vins. Cerise sur le gâteau, l'humour est plus présent dans ce roman, notamment dans les taquineries que Juvara, son jeune adjoint, adresse au commissaire en raison de son inintérêt pour les nouvelles technologies.

    Comme en Italie, Soneri s’est désormais bien installé dans le paysage du polar francophone, grâce aux éditions Agullo et aux belles traductions de Florence Rigollet. Tous les ans, c’est un véritable plaisir que de retrouver la nouvelle enquête du commissaire, et celle-ci, au moins aussi bonne que les précédentes, ne déroge pas à la règle.

    /5