L'Amie du sous-sol

  1. Le secret de la Fabrique

    Cela fait plusieurs jours que Létho, collégien, n’a plus vu sa camarade Alma dans son établissement. Est-elle malade ? A-t-elle des soucis ? Létho finit par la retrouver, elle lui avoue qu’elle est obnubilée par un mystère : elle est persuadée qu’il y a un fantôme tapi dans la Fabrique, c’est-à-dire l’ancienne miroiterie qui jouxte son appartement. Mais il y a des secrets qu’il vaut mieux ne pas essayer de comprendre.

    Avec cet ouvrage, paru dans la même collection Hanté et le même jour que La Maison sans sommeil de Thibault Vermot, Rolland Auda frappe fort. Comme l’indique l’éditeur, Casterman propose une littérature pour les plus de dix ans, « pour ceux qui n’ont pas peur d’avoir peur ». L’essai est ici amplement transformé. L’auteur livre un récit à la fois dense et concis, parfaitement calibré pour satisfaire son jeune lectorat qui cherche un ouvrage fort et court. L’histoire est habilement menée, prenant son temps pour poser le décor, le socle de l’intrigue et ses personnages. Mais quand elle est lancée, c’est un délice de frissons et de suspense. Il faudra que Létho déploie des trésors de courage et de sagacité – même s’il sera aidé par Ahmed Lakhlef, un vieux chercheur de fantômes et dont les émissions sont consultables sur YouTube – pour démêler ce sombre récit de spectre. Car les émotions fortes seront au rendez-vous : les passages dans le souterrain, avec les apparitions, les étranges chorégraphies des sacs-poubelle, ou encore les moments passés près du gouffre constituent autant de scènes très cinématographiques et anxiogènes. Et que dire du final… Même s’il est proche de celui d’un film très connu, on se prend le twist final en plein visage, obligeant à une relecture totale du roman. Une sacrée réussite scénaristique.

    Rolland Auda s’impose, d’un coup d’un seul, comme un très grand écrivain. Espérons tout autant pouvoir relire le plus vite possible d’autres ouvrages de sa plume, comme de cette collection.

    /5