Fin de siècle

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  • 6/10 Fin de siècle peut être lu comme un écho de "Quelque chose pour le week-end", où des Grands Pingouins, dont l’espèce était éteinte depuis le milieu du XIXème siècle, réapparaissent subitement à notre époque et sèment la terreur dans une ville balnéaire anglaise.
    Ici, point de pingouins, mais carrément des mégalodons, requins gigantesques dont la cruauté et l’acharnement à tout engloutir feraient passer le grand blanc des Dents de la Mer pour un poisson-clown. Des animaux monstrueux qui font figure de détonateur visant à faire exploser les conventions sociales, les hypocrisies en tous genres, l’égoïsme, la vénalité, bref toutes ces belles qualités humaines que le romancier, allez savoir pourquoi, semble avoir en horreur.

    Exploitant une galerie de personnages complètement cintrés que l'on suit au long d'une intrigue déconstruite façon Tarantino, l'intrigue paraît un peu hétéroclite à la longue, limite foutraque, et perd en cohérence ce qu'elle gagne en pertinence. Pour assumer au final une vision sombre de l’avenir, de l’humanité, proclamant un épuisement de notre règne qu’il n’est pas idiot de craindre, au rythme où vont les choses.
    Un roman original, au ton résolument singulier, distrayant mais pas que.

    04/06/2021 à 10:16 Dodger (471 votes, 7.7/10 de moyenne) 1

  • 6/10 Un meurtre sordide dans une villa luxueuse de la Côte d’Azur. Un millionnaire voleur et massacreur d’œuvres d’art. Des océans vidés de bateaux et de poissons à cause du retour à la vie de gigantesques mégalodons. Un couple fuyant l’ennui de son morne quotidien d’ultrariches. Un saut depuis la mésosphère à faire passer Baumgartner pour un sportif du dimanche.

    Autant d’éléments venant s’imbriquer – ou plutôt se télescoper – pour constituer Fin de siècle, un roman aussi difficile à résumer qu’à faire rentrer dans un case. Vrai-faux polar déjanté, il pourra ravir des amateurs de noir comme en laisser d’autres, dubitatifs, sur le bord du chemin.
    Après quelques romans chez Baleine (Quelque chose pour le week-end, Taxi, Take Off and Landing et Albin Michel (on se souvient de Road tripes), voici l’entrée de Sébastien Gendron à la Série Noire, sous la houlette de Stéphanie Delestré.
    L’humour et l’absurde sont toujours très présents, les références et autres clins d’œil innombrables. On sent que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à l’écrire et qu’il en prend tout autant à entrer en connivence avec le lecteur. Pour certains, cela fonctionnera à merveille. Pour d’autres, ce sera plus compliqué. La faute à un scénario parfois par trop décousu et à des personnages auxquels on ne peut guère s’attacher. De toute façon, il ne vaut mieux pas car peu d’entre eux s’en sortiront indemnes, l’hémoglobine coulant à flots dans ce texte hommage aux films de série B.
    Malgré un côté « divertissement » visiblement assumé, Sébastien Gendron n’hésite pas à pointer du doigt certaines dérives de notre société en premier lieu desquelles la concentration de fortunes considérables par quelques ultrariches ayant l’appât du gain comme credo – avec toutes les incidences que cela peut avoir pour le reste de la société, voire pour la planète. Et si les plus grands requins n’étaient pas ceux que l’on croit ?

    Certains trouveront sans doute à redire à l’ajout de ce type de texte – plus une farce noire qu’un véritable roman policier – au catalogue de l’illustre Série Noire. Les autres, amateurs de Jean-Bernard Pouy, Tim Dorsey et autres Carl Hiaasen ou non, retiendront sans doute d’avantage les quelques heures de plaisir littéraire que leur aura procuré ce sympathique ouvrage.

    13/04/2020 à 21:31 Hoel (1164 votes, 7.6/10 de moyenne) 2