Comté de Van Buren. Le pasteur Richard Weatherford est un homme respecté de tous ses paroissiens et de sa famille. Aussi, quand Gary Doane le fait chanter en échange de l’amnésie du jeune homme pour un ancien plaisir de la chair avec le révérend, ce dernier imagine déjà sa réputation démolie s’il ne lui donne pas les trente mille dollars attendus. Mais il y a des engrenages, inattendus et mortels, auxquels nul homme ne peut échapper, même un homme de Dieu.
Après L’Enfer de Church Street, L’Homme posthume et Sans lendemain, voilà le quatrième ouvrage traduit en France de Jake Hinkson. Un roman qui surprend déjà par sa structure : chaque chapitre, narré à la première personne, permet d’avoir le point de vue de l’un des protagonistes. Et ils sont nombreux et croustillants. Le pasteur, bien évidemment, qui aura cédé au péché du sexe et s’en mord à présent les doigts, perclus de contradictions, et capable des pires atrocités pour l’abrogation de son errance charnelle. Son épouse, Penny, qui doute de la réalité de son union avec Richard, malgré les apparences qu’ils s’emploient à sauver. Gary, jeune homme sur le fil du rasoir. Sa copine, Sarabeth Simmons, qui a une étiquette sur laquelle est écrit « fille facile » dans le dos alors qu’elle est probablement plus vertueuse que nombre des ouailles du comté. Brian Harten, sans-le-sou, et qui aimerait bien pouvoir lancer un commerce de spiritueux dans le coin, même si les esprits et la loi n’y sont pas encore prêts (notez le titre original du livre : Dry County). Et il y a également Tommy Weller, ancienne gloire locale du baseball, propriétaire de plusieurs commerces, beau-père de Sarabeth et à la l’arrogance si ample qu’il a fait ériger une statue à son effigie. Des personnages crus, troubles, très crédibles, qui vont être entraînés dans un curieux et létal manège. Des interactions remarquables, pertinentes, sur fond de chantages, d’intimidations, d’appâts du gain, de rédemptions et d’amours incertaines, et tous ces pions vont être mus par une terrible mécanique scénaristique qui n’en laissera aucun indemne. Il y a du venin dans les mots de Jake Hinkson, de l’acide, et il se plaît à narrer les duplicités d’une population aux allures innocentes, bienveillantes et justes, alors qu’y sont enkystés tant d’idées pécheresses, élans coupables et autres rancœurs fétides. Et c’est justement là que la plume de l’auteur se commue en scalpel pour mettre à jour ces tumeurs perfides. C’est comme si l’auteur avait déposé un fallacieux vernis de probité au-dessus de sentiments décomposés avant de briser cet enduit à coups de marteau pour en laisser s’échapper les remugles nauséabonds, à moins que cette couche ne se soit fracturée d’elle-même en raison des forces maléfiques à l’œuvre, tapies en deçà de ces apparences trompeuses.
Un style sobre et direct, sans la moindre fioriture, au service d’une histoire si noire qu’il eût été vain de vouloir l’embellir. Une réussite littéraire de la part de Jake Hinkson, en plus d’apporter un éclairage mordant sur les faux-semblants de toute société.
Comté de Van Buren. Le pasteur Richard Weatherford est un homme respecté de tous ses paroissiens et de sa famille. Aussi, quand Gary Doane le fait chanter en échange de l’amnésie du jeune homme pour un ancien plaisir de la chair avec le révérend, ce dernier imagine déjà sa réputation démolie s’il ne lui donne pas les trente mille dollars attendus. Mais il y a des engrenages, inattendus et mortels, auxquels nul homme ne peut échapper, même un homme de Dieu.
Après L’Enfer de Church Street, L’Homme posthume et Sans lendemain, voilà le quatrième ouvrage traduit en France de Jake Hinkson. Un roman qui surprend déjà par sa structure : chaque chapitre, narré à la première personne, permet d’avoir le point de vue de l’un des protagonistes. Et ils sont nombreux et croustillants. Le pasteur, bien évidemment, qui aura cédé au péché du sexe et s’en mord à présent les doigts, perclus de contradictions, et capable des pires atrocités pour l’abrogation de son errance charnelle. Son épouse, Penny, qui doute de la réalité de son union avec Richard, malgré les apparences qu’ils s’emploient à sauver. Gary, jeune homme sur le fil du rasoir. Sa copine, Sarabeth Simmons, qui a une étiquette sur laquelle est écrit « fille facile » dans le dos alors qu’elle est probablement plus vertueuse que nombre des ouailles du comté. Brian Harten, sans-le-sou, et qui aimerait bien pouvoir lancer un commerce de spiritueux dans le coin, même si les esprits et la loi n’y sont pas encore prêts (notez le titre original du livre : Dry County). Et il y a également Tommy Weller, ancienne gloire locale du baseball, propriétaire de plusieurs commerces, beau-père de Sarabeth et à la l’arrogance si ample qu’il a fait ériger une statue à son effigie. Des personnages crus, troubles, très crédibles, qui vont être entraînés dans un curieux et létal manège. Des interactions remarquables, pertinentes, sur fond de chantages, d’intimidations, d’appâts du gain, de rédemptions et d’amours incertaines, et tous ces pions vont être mus par une terrible mécanique scénaristique qui n’en laissera aucun indemne. Il y a du venin dans les mots de Jake Hinkson, de l’acide, et il se plaît à narrer les duplicités d’une population aux allures innocentes, bienveillantes et justes, alors qu’y sont enkystés tant d’idées pécheresses, élans coupables et autres rancœurs fétides. Et c’est justement là que la plume de l’auteur se commue en scalpel pour mettre à jour ces tumeurs perfides. C’est comme si l’auteur avait déposé un fallacieux vernis de probité au-dessus de sentiments décomposés avant de briser cet enduit à coups de marteau pour en laisser s’échapper les remugles nauséabonds, à moins que cette couche ne se soit fracturée d’elle-même en raison des forces maléfiques à l’œuvre, tapies en deçà de ces apparences trompeuses.
Un style sobre et direct, sans la moindre fioriture, au service d’une histoire si noire qu’il eût été vain de vouloir l’embellir. Une réussite littéraire de la part de Jake Hinkson, en plus d’apporter un éclairage mordant sur les faux-semblants de toute société.