1 vote
-
5/10 … ou l’histoire d’amour entre deux collégiens, Myrtille, originaire de Corée du Sud et adoptée, et Mohamed, dont la famille est en France depuis dix ans, mais qu’un raccompagnement en Algérie pour Mohamed et les siens va venir interrompre. Dans ce très court roman (presque proche de la nouvelle tant il est lapidaire), on retrouve la plume de Guillaume Guéraud : enflammée, politique, engagée, et très juste. Les amours naissantes de Myrtille et de Mohamed, leur inclination grandissante, le ressentiment de leurs foyers respectifs quand tonne l’ordre de retour au pays, l’envie de rester dans la contrée qui les a accueillis, tout est bien écrit, sonne avec justesse et l’on se prend d’une réelle empathie pour ces jeunes soupirants que la loi française sépare.
Mais il y a quelque chose qui a cloché, et c’est au huitième chapitre que c’est parti en vrilles serrées pour moi : la verve et l’emportement de l’auteur sont tels qu’ils nuisent à ma vue d’ensemble du livre. Si tout y était impeccable – au-delà de toute éventuelle considération politique, les mots qu’il emploie deviennent subitement outranciers, subjectifs, déplacés, et vraiment inutiles. Parler de « trois excités en uniforme », que ces derniers « ont cherché des trucs à casser », qu’un des policiers crie « Ta gueule ! » à la mère en pleurs et qu’il poursuive avec un court laïus haineux et autant raciste, ça m’a vraiment fait quitter les rails de l’ouvrage. Entendons-nous bien : ce n’est même pas une question d’inclinaison politique, de dénégation de tristes attitudes et comportements qui, malheureusement, mille fois malheureusement, existent, ou de désaveu des penchants idéologiques de Guillaume Guéraud – en matière de lectures, je suis parfaitement apolitique. C’est juste qu’une telle envolée, inopportune, subite et certainement pas représentative de tout un corps d’état alors qu’il se laisse lire comme s’il s’agissait là d’une banalité voire d’une norme, m’a véritablement hérissé le poil. Autant j’appréciais les motivations, les opinions et la manière dont l’auteur les étayait tout au long de cet opus, autant sur la fin, à force de vouloir tant marquer le trait de son engagement, il remplace le délicat pinceau par la grosse truelle au détriment de toute la finesse de son tableau, et je trouve cela fort dommageable.09/04/2019 à 09:05 El Marco (3419 votes, 7.2/10 de moyenne) 1