Dès les premières pages, le narrateur nous explique qu’il doit se débarrasser d’un cadavre. On apprend rapidement qu'il s'agit de celui de Jacqui, une femme qu’il a rencontré et qui lui a causé bien des soucis. Petit à petit, on vient à en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussé à commettre ce crime et les circonstances du décès puis de la dissimulation du corps.
On ne sait presque rien de l’Anglais Peter Loughran, auteur de trois romans entre 1966 et 1990. Pour dire le mystère, on ne sait même pas s’il vit encore, ce qui nous vaut ce rare avertissement en début d'ouvrage : « Malgré les recherches de l'éditeur, ni l'auteur ni ses ayants droits n'ont pu être retrouvés. » Son premier roman, The Train Ride (1966) est devenu un Série Noire fameux traduit par Marcel Duhamel en personne : Londres Express. Il est cité en ces termes par Jean-Bernard Pouy dans Une brève histoire du roman noir : « Dans le genre de lecture dont on se souvient à jamais, il y a obligatoirement Londres Express. » Pas étonnant que Tusitala, éditeur de romans atypiques, fort joliment habillés qui plus est, se soit intéressé à ce Jacqui, traduit par Jean-Paul Gratias.
Original, surtout pour l’époque – la première version du texte, intitulée Dearest, est parue en 1983 – Jacqui est un roman à la fois étonnant et sans surprises. Sans surprises – ou très peu – parce qu’on connaît dès le départ le sort funeste de Jacqui et que les raisons ayant poussé la narrateur à commettre l’irréparable ne sont pas d’une originalité folle. Étonnant, car peu de livres, surtout alors, nous ont immergés à ce point dans la psyché d’un homme devenu assassin. Un homme plutôt ordinaire d’ailleurs, malgré une misogynie prononcée et une inclination à la misanthropie. Son témoignage – qui s’approche parfois de la confession – courant sur près de 250 pages, lassera peut-être certains lecteurs. Pendant deux tiers du roman, le narrateur s’épanche sur sa vie, sa rencontre avec Jacqui, leur histoire commune et assure sa défense à force d’arguments plus ou moins discutables. Dans un second temps, il nous explique par le menu comment il a procédé pour cacher sa mort et s’éviter les ennuis. Aucune autre voix ne nous donne des informations sur cette histoire, entièrement racontée par l’assassin à la première personne. Ce qui fait qu’on en vient peu à peu à le comprendre. À lire toutes ces justifications livrées avec aplomb, pour un peu, on l’excuserait presque, ce qui est assez troublant (et sans doute tout à fait voulu). La conclusion est à l’image du récit, originale et non dénuée d’un certain humour noir très british.
S’il n’est pas le seul roman mettant en scène un assassin dans une narration à la première personne, loin de là, Jacqui, dérangeant et habilement amené, est l’un des plus captivants du genre et on comprend pourquoi les éditions Tusitala l’ont sorti de l’oubli.
Dès les premières pages, le narrateur nous explique qu’il doit se débarrasser d’un cadavre. On apprend rapidement qu'il s'agit de celui de Jacqui, une femme qu’il a rencontré et qui lui a causé bien des soucis. Petit à petit, on vient à en savoir plus sur les raisons qui l’ont poussé à commettre ce crime et les circonstances du décès puis de la dissimulation du corps.
On ne sait presque rien de l’Anglais Peter Loughran, auteur de trois romans entre 1966 et 1990. Pour dire le mystère, on ne sait même pas s’il vit encore, ce qui nous vaut ce rare avertissement en début d'ouvrage : « Malgré les recherches de l'éditeur, ni l'auteur ni ses ayants droits n'ont pu être retrouvés. » Son premier roman, The Train Ride (1966) est devenu un Série Noire fameux traduit par Marcel Duhamel en personne : Londres Express. Il est cité en ces termes par Jean-Bernard Pouy dans Une brève histoire du roman noir : « Dans le genre de lecture dont on se souvient à jamais, il y a obligatoirement Londres Express. » Pas étonnant que Tusitala, éditeur de romans atypiques, fort joliment habillés qui plus est, se soit intéressé à ce Jacqui, traduit par Jean-Paul Gratias.
Original, surtout pour l’époque – la première version du texte, intitulée Dearest, est parue en 1983 – Jacqui est un roman à la fois étonnant et sans surprises. Sans surprises – ou très peu – parce qu’on connaît dès le départ le sort funeste de Jacqui et que les raisons ayant poussé la narrateur à commettre l’irréparable ne sont pas d’une originalité folle. Étonnant, car peu de livres, surtout alors, nous ont immergés à ce point dans la psyché d’un homme devenu assassin. Un homme plutôt ordinaire d’ailleurs, malgré une misogynie prononcée et une inclination à la misanthropie. Son témoignage – qui s’approche parfois de la confession – courant sur près de 250 pages, lassera peut-être certains lecteurs. Pendant deux tiers du roman, le narrateur s’épanche sur sa vie, sa rencontre avec Jacqui, leur histoire commune et assure sa défense à force d’arguments plus ou moins discutables. Dans un second temps, il nous explique par le menu comment il a procédé pour cacher sa mort et s’éviter les ennuis. Aucune autre voix ne nous donne des informations sur cette histoire, entièrement racontée par l’assassin à la première personne. Ce qui fait qu’on en vient peu à peu à le comprendre. À lire toutes ces justifications livrées avec aplomb, pour un peu, on l’excuserait presque, ce qui est assez troublant (et sans doute tout à fait voulu). La conclusion est à l’image du récit, originale et non dénuée d’un certain humour noir très british.
S’il n’est pas le seul roman mettant en scène un assassin dans une narration à la première personne, loin de là, Jacqui, dérangeant et habilement amené, est l’un des plus captivants du genre et on comprend pourquoi les éditions Tusitala l’ont sorti de l’oubli.