Gangs of L.A.

(IQ)

  1. Qui veut la peau de « Black the Knife » ?

    Calvin Wright a.k.a. « Black the Knife » est l’un des rappeurs les plus en vue de la côte Est. Il a collectionné les disques d’or et de platine. Mais sa femme l’a quitté, il n’a plus goût à grand-chose, plus d’inspiration… Pire, depuis qu’un énorme pitbull s’est introduit dans sa propriété et l’a attaqué, il est persuadé qu’on veut le tuer. Il reste cloîtré chez lui et fait appel à Isaiah Quintabe, dont il a entendu parler en bien. Il lui promet une forte récompense s’il parvient à trouver qui veut attenter à ses jours. IQ, jeune homme aux cellules grises on ne peut plus alertes, accepte immédiatement. Cette offre généreuse est une aubaine : il a besoin d’argent.

    Gangs of L.A. est le premier roman de Joe Ide, passionné de littératures policières – il est semble-t-il un inconditionnel de Sherlock Holmes – ayant grandi dans les quartiers populaires de Los Angeles. On comprend aisément, de par la teneur du roman, qu’il est le premier d’une série qui verra Isaiah Quintabe résoudre d’autres enquêtes. Le fil rouge est la recherche de l’auteur de la probable tentative d’assassinat du rappeur mais le roman est émaillé de petites intrigues parallèles où IQ fait parler son flair. Par un habile jeu de va-et-vient entre les époques, on en apprend davantage sur les raisons ayant amené le jeune surdoué à laisser tomber ses études puis, à vouloir enquêter à son propre compte. À commencer par la mort de son grand frère, qui l’élevait et qui était tout pour lui. En effet, Marcus a été criblé de balles au coin d’une rue depuis une voiture ayant immédiatement pris la fuite. Assassiné sous les yeux d’Isaiah sans qu’il ne puisse rien faire pour le sauver. La police n’a fait aucun progrès significatif sur le dossier et le meurtre est resté depuis impuni.
    Le personnage du rappeur dépressif, bien que caricatural en un sens, est assez marquant et certaines scènes, très visuelles, sont truculentes, comme celle où il entasse tous ses objets hors de prix afin d’en faire un bûcher sous le regard interloqué des membres de son crew. La relation aussi amicale que conflictuelle entre IQ et Dodson, son ex-colocataire, dealer notoire, est intéressante et il y a fort à parier qu’ils n’ont pas fini de se chamailler tout en s’entraidant régulièrement.

    Peut-être IQ manque-t-il un peu de charisme pour en faire un personnage vraiment mémorable mais le roman se lit avec plaisir. Joe Ide nous offre avec Gangs of L.A. un bon moment de divertissement et les lecteurs convaincus par cet opus initial pourront vraisemblablement retrouver Isaiah Quintabe dans de prochaines aventures puisqu’un troisième tome paraîtra bientôt aux États-Unis.

    /5