Elle s’appelait Evelyn Bates. On a retrouvé son cadavre dans la chambre d’hôtel occupée par Vernon James, homme d’affaires riche à millions et récemment élu « personnalité éthique de l’année ». Tout l’accuse. Sa défense sera assurée par le cabinet KPR (entendez Kopf-Randall-Purdom). Dans l’équipe, Terry Flynt, greffier et ami d’enfance, vingt ans plus tôt, de Vernon, jusqu’à ce qu’une histoire de vol de journal intime brise définitivement leur attachement réciproque. Terry va alors être pris dans une série de sentiments contradictoires : doit-il aider Vernon, comme n’importe quel client ? Doit-il tout faire pour se venger de lui ? Et, finalement, ce magnat est-il coupable ou innocent ?
De Nick Stone, on connaît sa trilogie consacrée à Max Mingus, une remarquable série, et c’est avec autant de surprise que d’appétit que l’on retrouve cet auteur dans un genre très différent, le thriller procédural, où le décor londonien se substitue à l’haïtien. Sept-cent-vingt pages en grand format, près de sept-cent-quatre-vingts en poche, doux euphémisme que de dire que l’ouvrage est consistant. Néanmoins, la plume de l’écrivain parvient sans le moindre mal à sabrer ces longueurs avec un style impeccable où viennent éclater à la surface de ce récit tendu quelques salutaires bulles d’humour. Nick Stone s’est particulièrement documenté sur les rouages de la justice anglaise, les techniques employées par les avocats, l’univers carcéral et la psychologie des jurés, sans jamais que ces fondements instructifs ne deviennent lourds ou inutiles. Avec ses mots, et grâce à la structure parfaite du roman, il réussit à tout rendre passionnant, même les plus infimes détails, comme l’usage et la détection du Rohypnol, ou encore cette histoire de montre Rolex soi-disant rarissime. Terry Flynt constitue un héros très agréable à suivre, jeune époux et père de deux enfants, ancien alcoolique dont les démons vont cependant vite le rattraper, simple greffier, et dont la trajectoire a été brisée net à l’université à cause de Vernon James. Ce dernier est également marquant en nabab, s’étant fait tout seul après l’assassinat particulièrement barbare de son père, et que le mariage avec la belle Melissa n’a pas éloigné des pratiques sexuelles brutales. Il y a d’autres protagonistes tout aussi mémorables, comme Andy Swayne, détective privé anciennement alcoolique, ayant purgé de la prison, parlant plusieurs langues et d’une redoutable sagacité, ou encore Christine Devereaux, avocate atteinte d’un cancer en phase terminale, et brillante dans son discernement et sa clairvoyance quant à la manière de mener les débats. L’intrigue est dense, forte, et, pour résumer, formidable d’un bout à l’autre, où jamais Nick Stone ne s’essouffle.
Un thriller palpitant, rythmé et de très haute volée, qui, au-delà de sa force et de sa singularité sur un thème pourtant usé jusqu’à la corde, énonce à haute et intelligible voix le talent pluriel de son auteur.
Terry Flint, marié, deux enfants, vient de commencer un nouveau travail : greffier pour un gros cabinet d'avocats londonien. Rapidement bien vu chez KRP, on lui propose de travailler sur une grosse affaire qui défraie la chronique en ce moment, le procès de Vernon James. L'homme d'affaires à succès, fraîchement élu « personnalité éthique de l'année », est accusé de meurtre. On a retrouvé une jeune femme étranglée dans sa luxueuse suite, et bien qu'il nie, tout semble l'accuser. Selon ses employeurs, c'est l'occasion ou jamais pour Terry de faire ses preuves et d'acquérir de l'expérience sur le terrain. Seulement, ce qu'ils ne savent pas et qui tourmente Terry, c'est que Vernon était son meilleur ami d'enfance. Enfin... avant de lui gâcher la vie. Coincé s'il veut conserver son emploi, Terry accepte la mort dans l'âme.
On a connu Nick Stone, à la Série Noire déjà, avec sa série haïtienne consacrée à Max Mingus : Tonton Clarinette (Prix SNCF du Polar 2009), Voodoo Land et Cuba libre. Changement total de registre ici. Exit les Caraïbes et le thriller sombre. Place à Londres – où réside désormais l'auteur – et à un polar procédural de facture tout ce qu'il y a de plus classique.
Si quelques flashbacks nous en apprennent plus sur le passé, en partie commun, de Terry et Vernon, l'essentiel du récit se déroule dans l'univers de la justice : au sein des bureaux de Kopf-Randall-Purdom, au parloir de la prison, puis à Old Bailey, cour criminelle principale d'Angleterre.
L'objet-livre, un pavé de plus de sept cents pages, est presque effrayant. Pourtant, Nick Stone réalise le tour de force de ne jamais ennuyer son lecteur. Précis dans les procédures sans jamais être pédant, l'auteur donne à voir le quotidien des avocats et autres greffiers engagés dans la course contre la montre d'un grand procès criminel, qui plus est quasiment perdu d'avance. En effet, tout semble accuser Vernon James, que personne ne croit d'ailleurs innocent à KRP, Terry y compris. Très médiatisé, le procès est une vitrine pour la firme spécialisée dans le droit des affaires, qui espère ainsi diversifier son activité. En creusant un peu pour préparer le procès, la défense se rend compte que certains éléments sont pour le moins intrigants et surtout, que la police, ravie d'avoir un coupable tout désigné, semble avoir quelque peu bâclé son enquête.
Les rebondissements sont nombreux et parfois excellents et les personnages, sans être géniaux, sont assez sympathiques pour qu'on s'y intéresse. Vernon James, présenté par certains comme un requin assoiffé d'argent et de conquêtes, est plus complexe qu'il n'y paraît. Enfin, les retrouvailles improbables entre Terry et Vernon, qui s'étaient brouillés et perdus de vue depuis des années, amènent Terry à se poser bien des questions.
Passionnant du début à la fin, Le Verdict est un procédural comme on en fait peu. Nick Stone y mêle avec talent un côté « whodunit » à l'ancienne et les codes du thriller : chapitres courts se terminant bien souvent par des révélations, rythme trépidant... Une véritable réussite, dans un registre différent de ses premiers romans. Nombreux devraient être les curieux à se demander ce que nous réservera Nick Stone la prochaine fois.
Elle s’appelait Evelyn Bates. On a retrouvé son cadavre dans la chambre d’hôtel occupée par Vernon James, homme d’affaires riche à millions et récemment élu « personnalité éthique de l’année ». Tout l’accuse. Sa défense sera assurée par le cabinet KPR (entendez Kopf-Randall-Purdom). Dans l’équipe, Terry Flynt, greffier et ami d’enfance, vingt ans plus tôt, de Vernon, jusqu’à ce qu’une histoire de vol de journal intime brise définitivement leur attachement réciproque. Terry va alors être pris dans une série de sentiments contradictoires : doit-il aider Vernon, comme n’importe quel client ? Doit-il tout faire pour se venger de lui ? Et, finalement, ce magnat est-il coupable ou innocent ?
De Nick Stone, on connaît sa trilogie consacrée à Max Mingus, une remarquable série, et c’est avec autant de surprise que d’appétit que l’on retrouve cet auteur dans un genre très différent, le thriller procédural, où le décor londonien se substitue à l’haïtien. Sept-cent-vingt pages en grand format, près de sept-cent-quatre-vingts en poche, doux euphémisme que de dire que l’ouvrage est consistant. Néanmoins, la plume de l’écrivain parvient sans le moindre mal à sabrer ces longueurs avec un style impeccable où viennent éclater à la surface de ce récit tendu quelques salutaires bulles d’humour. Nick Stone s’est particulièrement documenté sur les rouages de la justice anglaise, les techniques employées par les avocats, l’univers carcéral et la psychologie des jurés, sans jamais que ces fondements instructifs ne deviennent lourds ou inutiles. Avec ses mots, et grâce à la structure parfaite du roman, il réussit à tout rendre passionnant, même les plus infimes détails, comme l’usage et la détection du Rohypnol, ou encore cette histoire de montre Rolex soi-disant rarissime. Terry Flynt constitue un héros très agréable à suivre, jeune époux et père de deux enfants, ancien alcoolique dont les démons vont cependant vite le rattraper, simple greffier, et dont la trajectoire a été brisée net à l’université à cause de Vernon James. Ce dernier est également marquant en nabab, s’étant fait tout seul après l’assassinat particulièrement barbare de son père, et que le mariage avec la belle Melissa n’a pas éloigné des pratiques sexuelles brutales. Il y a d’autres protagonistes tout aussi mémorables, comme Andy Swayne, détective privé anciennement alcoolique, ayant purgé de la prison, parlant plusieurs langues et d’une redoutable sagacité, ou encore Christine Devereaux, avocate atteinte d’un cancer en phase terminale, et brillante dans son discernement et sa clairvoyance quant à la manière de mener les débats. L’intrigue est dense, forte, et, pour résumer, formidable d’un bout à l’autre, où jamais Nick Stone ne s’essouffle.
Un thriller palpitant, rythmé et de très haute volée, qui, au-delà de sa force et de sa singularité sur un thème pourtant usé jusqu’à la corde, énonce à haute et intelligible voix le talent pluriel de son auteur.
Terry Flint, marié, deux enfants, vient de commencer un nouveau travail : greffier pour un gros cabinet d'avocats londonien. Rapidement bien vu chez KRP, on lui propose de travailler sur une grosse affaire qui défraie la chronique en ce moment, le procès de Vernon James. L'homme d'affaires à succès, fraîchement élu « personnalité éthique de l'année », est accusé de meurtre. On a retrouvé une jeune femme étranglée dans sa luxueuse suite, et bien qu'il nie, tout semble l'accuser. Selon ses employeurs, c'est l'occasion ou jamais pour Terry de faire ses preuves et d'acquérir de l'expérience sur le terrain. Seulement, ce qu'ils ne savent pas et qui tourmente Terry, c'est que Vernon était son meilleur ami d'enfance. Enfin... avant de lui gâcher la vie. Coincé s'il veut conserver son emploi, Terry accepte la mort dans l'âme.
On a connu Nick Stone, à la Série Noire déjà, avec sa série haïtienne consacrée à Max Mingus : Tonton Clarinette (Prix SNCF du Polar 2009), Voodoo Land et Cuba libre. Changement total de registre ici. Exit les Caraïbes et le thriller sombre. Place à Londres – où réside désormais l'auteur – et à un polar procédural de facture tout ce qu'il y a de plus classique.
Si quelques flashbacks nous en apprennent plus sur le passé, en partie commun, de Terry et Vernon, l'essentiel du récit se déroule dans l'univers de la justice : au sein des bureaux de Kopf-Randall-Purdom, au parloir de la prison, puis à Old Bailey, cour criminelle principale d'Angleterre.
L'objet-livre, un pavé de plus de sept cents pages, est presque effrayant. Pourtant, Nick Stone réalise le tour de force de ne jamais ennuyer son lecteur. Précis dans les procédures sans jamais être pédant, l'auteur donne à voir le quotidien des avocats et autres greffiers engagés dans la course contre la montre d'un grand procès criminel, qui plus est quasiment perdu d'avance. En effet, tout semble accuser Vernon James, que personne ne croit d'ailleurs innocent à KRP, Terry y compris. Très médiatisé, le procès est une vitrine pour la firme spécialisée dans le droit des affaires, qui espère ainsi diversifier son activité. En creusant un peu pour préparer le procès, la défense se rend compte que certains éléments sont pour le moins intrigants et surtout, que la police, ravie d'avoir un coupable tout désigné, semble avoir quelque peu bâclé son enquête.
Les rebondissements sont nombreux et parfois excellents et les personnages, sans être géniaux, sont assez sympathiques pour qu'on s'y intéresse. Vernon James, présenté par certains comme un requin assoiffé d'argent et de conquêtes, est plus complexe qu'il n'y paraît. Enfin, les retrouvailles improbables entre Terry et Vernon, qui s'étaient brouillés et perdus de vue depuis des années, amènent Terry à se poser bien des questions.
Passionnant du début à la fin, Le Verdict est un procédural comme on en fait peu. Nick Stone y mêle avec talent un côté « whodunit » à l'ancienne et les codes du thriller : chapitres courts se terminant bien souvent par des révélations, rythme trépidant... Une véritable réussite, dans un registre différent de ses premiers romans. Nombreux devraient être les curieux à se demander ce que nous réservera Nick Stone la prochaine fois.