Au royaume des aveugles

(Yesterday)

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  • 2/10 « Quand tu te rappelles de tout, tu te rappelles de tout ce que les autres t’ont fait. Jusqu’au plus petit, au plus horrible détail. Et chacun d’eux te donne envie de te venger de ceux qui t’ont fait le plus mal. »

    En plus de la science fiction, c’est une histoire de vengeance, de chantage, de mensonges, de séduction, d’obsession, de meurtre et… d’enquête.

    Le concept du livre est assez original. Situé dans un monde dystopique où les gens sont divisés les distinctions de classe ne sont pas basées sur la richesse, la race, le sexe, etc. mais, ce qui sépare les gens, c’est leur capacité à se souvenir : Il y a les Duos d’élite et les Monos de basse classe. Les duos peuvent conserver deux jours de mémoire, alors que les Monos ne peuvent en retenir qu’un. Leur seul moyen de conserver leurs souvenirs de tous les jours et être factuels c’est de les taper sur un iDiary, une sorte de journal intime numérique dans lequel ils écrivent ce qui se passe pendant leurs journées. C’est pour ça que lorsqu’ils abordent un souvenir lointain ils disent : «Selon mon journal, je pense qu’elle est une femme très gentille» et «Selon mon journal, je les ai vus se battre la semaine dernière»…

    Cependant, les personnages montrent des signes de conserver des souvenirs à long terme, par exemple, l’un des personnages principaux est un romancier alors je suppose qu’il doit écrire un roman dans les 2 jours, sinon il se réveillerait le troisième jour, consulter son iDiary, réaliser qu’il écrit un roman, relire le roman parce qu’il n’a pas de souvenir du jour 1 (il conserve les jours 2 et 3) et cela n’a tout simplement aucun sens.

    Et si on veut pousser le bouchon plus loin, pourquoi les gens auraient besoin de nouveaux romans puisque les plus chanceux d’entre eux ne conservent que deux jours de mémoire ? Ils peuvent relire le même roman encore et encore parce qu’au bout de quelques jours ils ne se souviennent même pas de les avoir déjà lu.

    Et concernant les caractères des protagonistes. Ce sont des stéréotypes prévisibles: Mari philanthrope; épouse pleurnicheuse et opprimée; détective dur à cuire; femme fatale sexy. Nous ne nous rapprochons d’aucun d’entre eux; ne jamais comprendre leurs motivations et leurs processus de pensée. Oh, on nous dit pourquoi ils font ceci et cela, mais c’est comme lire une bande dessinée avec des personnages en forme de bâton – tous trop basiques et superficiels pour se sentir réels.

    Disons que Fèlicia Yap s’est lancé sur un pari risqué. Certes, l’idée est originale, différente mais pas assez étudié. On commence sa lecture, on s’accroche et on commence à remarquer les imperfections et puis l’histoire commence à perdre de son charme.

    Néanmoins, ce que j’ai apprécié est que l’histoire donne une image assez réelle d’un couple lors de ces plus beaux moments et les pires. Les sacrifices que l’un d’eux doit supporter pour le bien de l’autre. Félicia Yap montre aussi à quel point les médias influencent, parfois, l’avis des gens, en leur montrant ce qu’ils veulent qu’ils voient.

    J’ai dû me forcer à continuer jusqu’à la fin, et j’ai été assez déçu par ce qui a finalement été révélé, y compris ce qui était censé être le grand rebondissement choquant, à cause de la façon dont tout était improbable et improbable.

    24/03/2018 à 23:57 Med.SoB (55 votes, 7.4/10 de moyenne) 3