Avant la chute

(Before the Fall)

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  • 7/10 Scénariste, Hawley approche la construction de ce roman d’une manière qui évoque le temps laissé dans une série à la fabrication des personnages, à leur compréhension en profondeur, privilégiant cet aspect de la réflexion romanesque à un rythme trépidant et à un suspense de tous les instants.
    Assez éloigné finalement du genre policier, "Avant la chute" est un roman savamment psychologique qui nécessite un peu de patience. xMais si vous appréciez les puzzles littéraires qui mettent en avant la difficile compréhension de l’humain, et proposent mine de rien de nombreux sujets de réflexion bien de notre temps – les dérives sensationnalistes des médias, l’attrait irrésistible de certains pour les théories du complot, les mécanismes de la rumeur et du doute, la lutte quasi impossible pour son droit à la vie privée, ou les conséquences inenvisageables de certains choix sentimentaux -, alors vous serez largement servis avec ce livre copieux et intelligent.

    26/11/2018 à 09:53 Dodger (470 votes, 7.7/10 de moyenne) 4

  • 7/10 Onze personnes embarquent à bord d’un jet privé depuis l’île de Vineyard. Principalement deux familles avec leurs enfants, plus l’équipage, un garde du corps et un invité de dernière minute, Scott Burroughs, un artiste sur le retour. Seize minutes plus tard, l’avion s’écrase en mer. Seuls le peintre et JJ Bateman, âgé de quatre ans et héritant ainsi d’une véritable fortune, survivent miraculeusement. Mais quel aura été la part de l’accident, de la machination ou du hasard dans ce crash ?

    Dépeint comme un thriller dès la première de couverture de la version poche, ce roman de Noah Hawley saisit l’attention dès les premières pages. L’écriture est très agréable, le style également, et l’on se passionne vite pour le décor planté par l’auteur, celui des minutes et circonstances précédent le décollage. Par la suite, l’ouvrage étonne : son aspect policier semble s’éloigner au profit de l’étude psychologique des divers protagonistes. Certains retiennent nettement l’attention, comme Scott, peintre raté ayant décidé d’abandonner ses vieux démons pour essayer de croquer un peu de gloire, Bill Cunningham, journaliste sans scrupule de la chaîne d’information ALC et prêt à toutes les bassesses, ou encore Gil Baruch, le garde du corps. De belles tranches de vie, assurément, que Noah Hawley rend d’autant plus poignantes qu’elles se sont unies, au dernier moment, dans une même tragédie. Mais, malgré ces qualités indéniables, le temps est un peu long pour l’amateur de thrillers. Et puis, arrive la trois-cent-quatre-vingt-douzième page, qui rebat les cartes de l’intrigue en injectant une dose salvatrice et dynamisante dans le récit, mais qui n’est que de courte durée. La suite du livre, encore une fois très bien écrite, demeure dans la droite ligne de son entame : un drame, vif et mordant, rendu très humain par cette description chorale des événements, mais qui n’atterrit jamais sur le tarmac tant attendu du thriller.

    Noah Hawley livre un opus soigné et réussi, mais dont l’étiquette « thriller » paraît usurpée. Une frustration comparable au fait de prendre un avion qui, malgré d’excellentes conditions de vol, ne vous emmène pas à la destination prévue.

    20/07/2020 à 10:35 El Marco (3180 votes, 7.2/10 de moyenne) 1