Dernière saison dans les Rocheuses

(Into the Savage Country)

  1. La chevauchée sauvage

    Au cours des années 1820, le jeune William Wyeth s’est mis en tête de vivre une vie enfin trépidante, aventureuse. Pour cela, il décide de devenir trappeur et de partir, comme tant d’autres, à la conquête de l’Ouest sauvage. Ce qu’il vivra au cours de ce périple le changera à jamais.

    Shannon Burke, à qui l’on doit Manhattan Grand-Angle et 911, nous revient dans un registre très différent, quelque part entre le roman d’aventures et le western. L’Ouest des Etats-Unis, cette immense contrée hostile, offre le cadre idéal pour un voyage somptueux, et l’auteur nous rend avec maestria le caractère indompté de ces lieux. Sans pour autant devenir trop bavard dans ses descriptions, Shannon Burke dépeint avec talent les panoramas sublimes, les montagnes farouches, les forêts inhospitalières. Au-delà de ces tableaux idylliques, il rend également hommage à la faune, entre bisons, chevaux, ours et autres animaux auxquels Bill et les siens vont être confrontés. Lutter pour sa survie, donc, face aux éléments et les bêtes, mais également contre les êtres humains, depuis de cruels Indiens aux Britanniques en passant par certains trappeurs dont la cruauté s’est aiguisée au cours de cette vie primitive. William rencontrera des personnages croustillants : Alene, la si jeune et jolie veuve ; Henry Layton, le magnat de prime abord infatué et querelleur mais qui saura se montrer brave et héroïque ; Max Grignon, le sanguinaire homme de main dont William se fera un ennemi mortel. Même si quelques protagonistes véhiculent quelques clichés, et si certaines scènes sentent le déjà-vu ou le déjà lu, des passages resteront longtemps à l’esprit, comme cette confrontation incroyable avec un ours, ou le « jeu » de Layton pris entre un taureau et un plantigrade féroce. Shannon Burke a imprimé à son récit un véritable souffle épique, avec son lot de sentiments chevaleresques et vertueux, où la candeur originelle de William (qui disait de lui, au tout début, que « Ma famille pense que je suis un froussard incapable de prendre une décision. Je veux leur prouver ce que je vaux et revenir la tête haute ») va se télescoper à l’existence dure et intransigeante d’espaces inhospitaliers. Paradoxalement, le lecteur éprouvera d’autant plus d’empathie pour ces trésors naturels, qu’ils soient végétaux, minéraux ou animaux, que ces derniers démontrent leur beauté et leur rudesse. Et, au-delà de cette ode aux éléments, il y a un puissant élan humain, mettant en valeur des sentiments nobles alors que vont se multiplier les traîtrises, les luttes de pouvoir, la course à l’argent, et les instincts de mort.

    Malgré quelques moments un peu attendus, voilà un très bel hommage à la Nature et à l’âme humaine.

    /5