Tonton Clarinette

(Mr Clarinet)

  1. Mystères vaudous

    Max Mingus purge une peine de prison pour un acte de justice pour le moins expéditif. Durant sa détention, un magnat le contacte pour retrouver son petit-fils, enlevé sur l’île d’Haïti. Après quelques atermoiements, Mingus accepte et se rend sur place. Il met alors ses pas dans les traces d’un monstre lié au culte vaudou et que l’on surnomme « Tonton Clarinette », version terrifiante du joueur de flûte de Hamelin.

    Premier opus de la série consacrée au détective privé Max Mingus, Tonton Clarinette constitue un remarquable roman. D’entrée de jeu, Nick Stone dépeint des personnages denses, d’une rare luxuriance émotionnelle, bien lointains des clichés du genre, et l’on sent qu’une telle plume, sombre et talentueuse, mènera probablement vers des contrées angoissantes. Haïti. Pays-ghetto, subissant les violences, peuplée de gamins prêts à tous les méfaits pour manger autre chose que des galettes de boue, et encore sillonnée par d’anciens Tontons Macoute. Par ailleurs, la contrée est puissamment marquée par le vaudou, religion que nombre d’Occidentaux trouveraient subversive mais que Nick Stone restitue avec sang-froid et objectivité.

    L’intrigue est également bien bâtie, offrant notamment vers la fin des rebondissements intéressants, et l’on achève ce livre le souffle court, les tripes en feu. Longtemps après avoir refermé ce roman, le lecteur gardera en tête des images brutales, interlopes, dérangeantes. Plus certainement, il souhaitera retrouver Max Mingus dans d’autres enquêtes, car Nick Stone a disséminé de nombreuses petites pierres, comme autant de promesses de rencontres futures avec le détective. Par exemple, on entraperçoit sans mal l’énergie maléfique de Solomon Boukman, que l’on retrouvera notamment dans Voodoo Land.

    /5