Hannibal Lecter, Les origines du mal

(Hannibal Rising)

  1. Un roman décevant qui dessert la célèbre trilogie

    Vingt-cinq ans après nous avoir présenté le docteur Hannibal Lecter dans Dragon Rouge et avoir ainsi réellement lancé le thriller aux Etats-Unis, Thomas Harris nous ressert une nouvelle aventure du plus terrifiant des serial killers. Soucieux de nous expliquer comment ce gentil garçon peut se transformer en le monstre cannibale que l'on connaît, l'auteur retrace dans son nouveau roman l'enfance et l'adolescence d'Hannibal.
    Issu d'une riche famille lithuanienne, Hannibal Lecter voit à l'âge de 13 ans sa famille et sa petite sœur tués par des nazis. Recueilli par son oncle, Hannibal grandit à Paris où il peut assouvir ses goûts pour l'art, la médecine et la bonne cuisine, tout en pensant à venger sa famille...
    "Hannibal Lecter, les Origines du mal" est donc l'histoire de cette vengeance. Premier problème, et de taille : l'intrigue ne commence réellement à prendre forme qu'une fois les 200 premières pages passées. Le début du livre est laborieux, long, pas passionnant pour un sou.
    La vengeance est un plat qui se mange froid ("avec des fèves au beurre et un excellent chianti", ajouterait Hannibal). Le roman n'est donc réellement intéressant que dans son dernier tiers, sans toutefois atteindre les summums de suspense auxquels Harris nous avait habitués.
    La faute revient certainement aux personnages secondaires, fades et trop peu travaillés par Harris. Les opposants d'Hannibal, qu'il s'agisse de l'inspecteur Popil, qui tente de le raisonner, ou les ennemis auxquels Lecter s'attaque, sont bien loin d'avoir la charisme de Will Graham (Dragon Rouge, Clarice Starling (Le Silence des Agneaux) ou Mason Verger (Hannibal).
    En centrant exclusivement son roman sur Hannibal, Thomas Harris choisit donc de nous expliquer la métamorphose de son héros, un garçon cultivé et travailleur. Mais en justifiant le cannibalisme de Lecter par ces traumastismes d'enfance, Harris rend le serial killer trop humain, et beaucoup moins terrifiant. Et c'est là le dernier gros défaut du roman : à force de présenter son personnage avec sympathie et de justifier ses actes, l'auteur va jusqu'à détruire le mythe du Cannibale tel qu'on le connaît. D'un point de vue moral, le résultat est certes délectablement dérangeant et malsaint, mais du point de vue du thriller pur, c'est malheureusement un échec, car cet Hannibal-là ne fait pas peur.

    /5