Underground

(Under Ground)

  1. Les fantômes du Sanctuaire

    Un terrible virus ravage l’Asie. Pour se protéger, des survivalistes intègrent un complexe souterrain, le Sanctuaire, dans le Maine. Plusieurs familles s’y regroupent et les portes du coffre-fort se referment. Mais la pression du huis clos, les psychoses des uns et des autres et un mystérieux assassin vont rendre l’intérieur de l’abri plus dangereux que l’extérieur.

    Voilà un livre ingénieux qui mixe plusieurs genres : whodunit, roman post-apocalyptique, thriller survivaliste, etc. On y retrouvera probablement l’influence du fameux Dix petits nègres d’Agatha Christie, cette fois-ci dans un décor de grotte cylindrique et artificielle tandis qu’un agent infectieux dévaste l’Asie. S. L. Grey tire son épingle du jeu avec une écriture simple et efficace, qui met en scène une série de personnages immédiatement identifiables : des ploucs fervents, un couple de bobos, un veuf et sa fille, des Asiatiques, etc. Certains lecteurs trouveront d’ailleurs ces individus trop classiques, voire stéréotypés, d’autant que les études psychologiques sont parfois légères. Paradoxalement, le livre se dévore rapidement, avec une alternance des protagonistes et des points de vue, tandis que les morts se succèdent. L’ambiance est bien rendue, et la claustration, avec la suffocation mentale qui en résulte légitimement, est aiguisée par des tourments multiples : le manque d’eau, l’hygiène approximative, les ressources de nourriture qui s’épuisent, la paranoïa galopante, les vices sexuels, ou encore les espoirs qui s’effilochent quant à une éventuelle sortie du souterrain. Des chapitres bien accrocheurs, qui maintiennent un suspense intéressant, et dont les ultimes pages seulement offrent une résolution à l’énigme. Mais celle-ci ne sera peut-être pas à la hauteur des attentes de tout le monde : elle peut éventuellement être inattendue, mais pas au point de marquer durablement les esprits, notamment en raison de la concision de l’introspection du meurtrier et le caractère assez commun de ses motivations. Juste les derniers paragraphes, ouverts à plusieurs interprétations, pourront réjouir.

    Un cadre intéressant et une histoire prenante de la part de S. L. Grey, mais auquel il manque un bouquet final plus abouti ou original pour être totalement convaincant.

    /5