Le Somnambule

(Der Nachtwandler)

  1. Cauchemars éveillés

    Leo Nader a emménagé avec Natalie, sa femme, dans un appartement qu’il pensait inaccessible pour leurs revenus communs. Somnambule, il a été traité dans son enfance par le psychiatre Volwarth, et il pensait ses crises définitivement passées. Mais un matin, Natalie dévoile son visage, massacré. Leo lui a fait subir ce passage à tabac au cours de l’une de ses crises inconscientes. Leo décide donc de recontacter Volwarth et s’équipe d’une caméra qui va lui permettre de filmer ce qu’il fait la nuit lors de ses égarements involontaires. Le début de la descente aux enfers.

    Avec ce roman, Sebastian Fitzek frappe fort. Très fort, même. Le pitch séduit d’entrée de jeu, et le rythme imposé à l’intrigue, qui ne faiblit jamais, entraîne le lecteur jusqu’à la fin, le souffle haletant. L’histoire, dédaléenne, machiavélique, est brillante, hérissée de multiples rebondissements, avec des personnages secondaires très intéressants. En malheureuse victime de son somnambulisme, Leo attire immédiatement l’empathie, et l’on suit avec une attention soutenue les diverses épreuves qu’il va subir. Autre trait marquant de cet ouvrage : l’immeuble où habite Leo. Un bâtiment qui constitue, à lui seul, une entité, voire un individu. Composé de secrets, de pièces dérobées, de couloirs clandestins, comme autant de chausse-trappes, faisant bien évidemment écho à la situation incroyable que va vivre Leo. Est-il réellement coupable des maux dont il en vient à s’accuser lui-même ? Comment son psychiatre peut-il avoir été en contact avec Natalie ? Que recèlent ces diverses énigmes qu’il va devoir résoudre ? Un scénario palpitant, effréné, ménageant de nombreuses scènes d’angoisse, magnifiquement tissées par Sebastian Fitzek comme autant de toiles d’araignées. Et que dire du final – plus exactement, de ce triple final, diabolique, rebattant toutes les cartes de l’histoire, au point nous obliger à repenser le livre dans sa globalité pour mieux en saisir tout le sel ?

    Un roman de très haute volée, au-dessus duquel planent les ombres de la folie, la schizophrénie et de la paranoïa, et qui ne délivrent les clefs des multiples serrures que dans les ultimes pages, après bien des frayeurs. Le type même du bouquin qui déstabilise et désarçonne, et laisse le lecteur pantois. Une réussite totale.

    /5