Inflammation

  1. L’expérience interdite

    Liz vient de disparaître dans ce qui ressemble à un accident automobile. Elle laisse un époux éploré, Jean, ainsi que deux enfants, Lucie et Clément. Mais quelque chose ne tourne pas rond : dans le village où habite la famille, de sombres nuages s’amoncellent. Liz est-elle réellement décédée ? Et quels secrets a-t-elle emportés avec elle ?

    Voilà un roman singulièrement noir, signé Eric Maneval. Il est assez court (deux cents pages), et tous les mots et péripéties y sont comptés. Pourtant, il est impossible, une fois le dernier chapitre achevé, de ne pas ressentir un immense frisson en même temps que l’impression tenace d’avoir vu défiler une étonnante abondance d’événements. Tout commence comme un simple fait divers, puis on bascule lentement mais sûrement vers une littérature particulièrement sombre. De multiples éléments se télescopent : des amis qui ne correspondent peut-être pas à l’image qu’ils donnent, des locataires réunis en une étrange communauté, un mystérieux laboratoire situé en Belgique, le père génétique de Lucie qui réapparait via une émissaire au comportement énigmatique, une confectionneuse de confitures, un homme que Jean surnomme « le Révérend », etc. Un véritable magma de personnalités obscures, qui bouillonne comme un plat mijote, paisiblement et graduellement. Le lecteur sera immanquablement séduit par la plume d’Eric Maneval, à la fois sèche et paradoxalement fertile en émotions suscitées, jusqu’au final. De nombreuses clefs sont offertes dans les ultimes pages, mais il sera impossible de ne pas tomber dans un incroyable vertige de noirceur, en même temps que la majeure partie des personnages présents dans ce livre.

    Un ouvrage qui sidère par sa simplicité et son efficacité, sur fond de tragédie familiale, expériences médicales et quête de rédemption. Une Inflammation qui excite les cœurs, les tripes et les âmes, sans que l’on cherche, une fois n’est pas coutume, à en trouver le remède.

    /5