Marconi Park

  1. Mortel alphabet

    Göteborg. Un cadavre est découvert. Pantalon baissé. Mains liées. Sac sur la tête. Un « R » peint sur un carton à côté du corps. Le policier Erik Winter et son équipe enquêtent. Le début d’une longue litanie de morts et de lettres, jusqu’à plonger dans un passé immonde.

    Ce douzième opus de la série consacrée à Erik Winter réjouit d’entrée de jeu. Il ne faut en effet attendre que la deuxième page pour que l’escouade de policiers soit confrontée au premier crime. Åke Edwardson emploie sa plume légère pour écrire son histoire. Que les férus de pétarades, courses-poursuites et autres fusillades mémorables passent leur chemin : ici, tout est vaporeux, en subtilité. On se prend rapidement d'affection pour les divers officiers, et surtout pour Winter. Capable de jolis traits d’humour, il tombe sous le charme musical de Michael Bolton, se remet au jogging, et est capable de poursuivre un suspect à vélo sur plusieurs chapitres. Dans le même temps, Åke Edwardson use de nombreux dialogues, secs et souvent teintés d’ironie, qui ravissent. L’intrigue ne constitue pas, en soi, une réussite mémorable. Sans rien vouloir dévoiler, les ressorts apparaissent vite et ont déjà été si souvent exploités par le passé, en littérature comme au cinéma, qu’ils ne font plus guère rebondir l’ensemble. Même si cette immersion vers une histoire ancienne où il est question d’une « bande au ballon » est intéressante, on la devine à plusieurs dizaines de chapitres à l’avance. Il reste cependant le style de l’auteur, apaisé, alternant le blanc et le noir, avec de si belles pages, comme ce quarante-et-unième chapitre où Winter est confronté au tueur et se pose de légitimes questions morales quant à l’empathie.

    Un ouvrage simple, tout en retenue, plus séduisant par son écriture et les peintures psychologiques qu’il livre que par son intrigue.

    /5