Le commissaire Soneri est appelé par l'hôpital de Parme où un homme vient de se défenestrer. Le défunt était bien connu et apprécié des soignants comme des patients, lui qui donnait de son temps pour tenir compagnie aux personnes esseulées durant leur hospitalisation.
Dans le même temps, une péniche part à la dérive sur le Pô déchaîné. Il ne cesse de pleuvoir sur l’Émilie-Romagne et le fleuve, dont la puissance est décuplée par les nombreux affluents, menace de sortir de son lit d'un instant à l'autre. L'embarcation finit par s'échouer et son propriétaire, un batelier pourtant aguerri, est aux abonnés absents. Soneri, qui en a vu d'autres, est à peine surpris d'apprendre que le propriétaire de la péniche, répondant au nom de Tonna, n'est autre que le frère du suicidé.
Si le Commissaire Soneri connait un succès certain en Italie, où la série qui lui est consacrée compte déjà une douzaine d'enquêtes depuis 1998, ce n'est que l'an dernier qu'il traverse les Alpes grâce aux éditions Agullo et à la traduction de Sarah Amrani.
Nous pouvons d'emblée l'affirmer sans prendre de grands risques : les amateurs de thrillers effrénés ne trouveront pas là leur tasse de thé, ou plutôt de ristretto. Valerio Varesi prend le temps d'installer le décor et les personnages, et l'intrigue, sans être secondaire, est mise au même niveau que les éléments précités. Le style d'écriture et le caractère flegmatique et consciencieux du commissaire évoquent quelque peu l'Erlendur cher à Arnaldur Indridason.
Le Pô, prêt à inonder la vallée d'un instant à l'autre, est un personnage à part entière du roman, tout comme le brouillard, lesquels jouent tous deux un rôle important dans l'histoire.
Malgré le froid et l'humidité ambiants, l'écriture de Valerio Varesi est chaleureuse, presque douillette par moment, lui qui prend la main du lecteur pour l'installer à table, à l'abri des intempéries, avec les anciens, autour d'une partie de belote, d'un bon vin italien ou d'un plat local, rustique mais revigorant.
Le personnage de Soneri est plutôt attachant, et ses rapports avec sa compagne sont atypiques, elle qui débarque toujours à l'improviste pour le retrouver dans des endroits plus incongrus les uns que les autres.
Tout au plus pourra-t-on reprocher à l'auteur quelques vilains tics d'écriture, parfois franchement pénibles. On comprend assez vite, par exemple, que l'inspecteur porte un pardessus Montgomery et que sa sonnerie de téléphone est une version atroce de l'Aïda de Verdi. Seulement, c'est tellement répété que ça en devient presque comique, ce qui n'était vraisemblablement pas le but recherché.
Le Fleuve des brumes est un beau roman qui vaut autant, sinon plus, pour son ambiance que pour son intrigue, qui bien que de facture classique n'en demeure pas moins de qualité. On retrouvera Soneri, cousin transalpin de Maigret, dans La Pension de la Via Saffi, sans doute avec le même plaisir.
Le commissaire Soneri est appelé par l'hôpital de Parme où un homme vient de se défenestrer. Le défunt était bien connu et apprécié des soignants comme des patients, lui qui donnait de son temps pour tenir compagnie aux personnes esseulées durant leur hospitalisation.
Dans le même temps, une péniche part à la dérive sur le Pô déchaîné. Il ne cesse de pleuvoir sur l’Émilie-Romagne et le fleuve, dont la puissance est décuplée par les nombreux affluents, menace de sortir de son lit d'un instant à l'autre. L'embarcation finit par s'échouer et son propriétaire, un batelier pourtant aguerri, est aux abonnés absents. Soneri, qui en a vu d'autres, est à peine surpris d'apprendre que le propriétaire de la péniche, répondant au nom de Tonna, n'est autre que le frère du suicidé.
Si le Commissaire Soneri connait un succès certain en Italie, où la série qui lui est consacrée compte déjà une douzaine d'enquêtes depuis 1998, ce n'est que l'an dernier qu'il traverse les Alpes grâce aux éditions Agullo et à la traduction de Sarah Amrani.
Nous pouvons d'emblée l'affirmer sans prendre de grands risques : les amateurs de thrillers effrénés ne trouveront pas là leur tasse de thé, ou plutôt de ristretto. Valerio Varesi prend le temps d'installer le décor et les personnages, et l'intrigue, sans être secondaire, est mise au même niveau que les éléments précités. Le style d'écriture et le caractère flegmatique et consciencieux du commissaire évoquent quelque peu l'Erlendur cher à Arnaldur Indridason.
Le Pô, prêt à inonder la vallée d'un instant à l'autre, est un personnage à part entière du roman, tout comme le brouillard, lesquels jouent tous deux un rôle important dans l'histoire.
Malgré le froid et l'humidité ambiants, l'écriture de Valerio Varesi est chaleureuse, presque douillette par moment, lui qui prend la main du lecteur pour l'installer à table, à l'abri des intempéries, avec les anciens, autour d'une partie de belote, d'un bon vin italien ou d'un plat local, rustique mais revigorant.
Le personnage de Soneri est plutôt attachant, et ses rapports avec sa compagne sont atypiques, elle qui débarque toujours à l'improviste pour le retrouver dans des endroits plus incongrus les uns que les autres.
Tout au plus pourra-t-on reprocher à l'auteur quelques vilains tics d'écriture, parfois franchement pénibles. On comprend assez vite, par exemple, que l'inspecteur porte un pardessus Montgomery et que sa sonnerie de téléphone est une version atroce de l'Aïda de Verdi. Seulement, c'est tellement répété que ça en devient presque comique, ce qui n'était vraisemblablement pas le but recherché.
Le Fleuve des brumes est un beau roman qui vaut autant, sinon plus, pour son ambiance que pour son intrigue, qui bien que de facture classique n'en demeure pas moins de qualité. On retrouvera Soneri, cousin transalpin de Maigret, dans La Pension de la Via Saffi, sans doute avec le même plaisir.