Oniria

  1. La maison des rêves

    Dave, Jef, Éric et Loner parviennent à s'échapper de prison. Pour fuir la police, ils vont se cacher dans la maison de la psychiatre de l'un d'entre eux. La bâtisse s'appelle Oniria. Étrange... Mais encore plus étrange est le mari de la psychiatre, roulant en fauteuil et menant des expériences obscures, ou cette servante aux allures de fantasme érotique. Et que dire des patients qui sommeillent en ces murs et dont les songes semblent générer des créatures démoniaques. Les quatre fuyards n'auraient jamais dû pénétrer dans Oniria.

    On ne présente plus Patrick Senécal. 5150, rue des ormes, Le passager ou Les sept jours du talion constituent autant de perles noires et marquantes. En 2004, l'auteur signait ce livre qui rappelle tant d'éléments typiques de son œuvre : le sang, le sexe, l'angoisse. On a déjà évoqué l'influence de Stephen King, Dean Koontz ou Graham Masterton, mais Patrick Senécal a su se dégager de ces ascendances littéraires pour imposer un style très personnel. L'écriture est laconique, très simple, et plonge rapidement le lecteur dans un cauchemar parfaitement intelligible, par paliers successifs.
    Les personnages sont tous bien campés, et l'histoire est encore une fois très forte. Aux côtés des quatre prisonniers, le lecteur va basculer lentement mais sûrement dans des abîmes de folie et de cruauté. S'il est très difficile de parler de ce livre sans dévoiler certains éléments, il convient juste de savoir que le rythme du récit s'accélère sans cesse, passant du roman à suspense au thriller fantastique débridé. Les scènes sont très visuelles, souvent basées sur des idées simples et transfigurées par une imagination incroyable. Certains lecteurs seront peut-être choqués par les penchants de Patrick Senécal à peindre des moments où sexe et violence sont poussés à leur paroxysme, faisant de ce roman un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Néanmoins, là où un autre auteur sans talent aurait fait chavirer son récit dans le burlesque et le ridicule, Patrick Senécal maintient le cap et assume pleinement son extravagance littéraire. L'épilogue mérite également d'être loué : il offre un ultime rebondissement de très grande qualité, parachevant une histoire sans équivalent.

    Oniria est donc une véritable aventure, qui se savoure et se mérite. On en prend plein les yeux d'un bout à l'autre, à condition d'accepter le postulat suivant : Patrick Senécal est un génie, avec ses délires et ses inclinations singulières.

    /5