Le Pas du renard

  1. Les mystères du Mi-Ka-Do

    1921. Le jeune Jeremy Nelson, pianiste de jazz, a débarqué de New York pour rejoindre Paris et tâcher d’en savoir un peu plus sur ses origines. Il obtient un poste musical au Mi-Ka-Do, un cabaret de Belleville. Mais des ombres se mettent à planer au-dessus de l’estaminet ainsi que d’un cinéma, le Rodéo. Des chantages, des gens que l’on pousse au travers des rails ou au fond d’un trou… Jeremy Nelson va tenter de démêler cet imbroglio avant de devenir lui-même une cible.

    De Claude Izner, on connaît assurément les ouvrages consacrés à Victor Legris. Ici, avec cet opus, les deux écrivaines – puisque Claude Izner est un pseudonyme que se sont choisi ces deux sœurs – entament une nouvelle série autour de Jeremy Nelson. Le lecteur se plaira assurément à déambuler dans cette capitale tentant de renaître après les traumatismes de la Première Guerre mondiale, et où tout le monde souhaite s’encanailler. Les descriptions des cabarets, cinémas et autres lieux d’une joyeuse débauche sont croustillantes, servies par une plume gentiment populaire, à base d’argot et d’accent de titi parisien. Mais au-delà de la fanfaronnade et de cet humour qui transpire à chaque chapitre, il y a une intrigue policière. Cette dernière est habile, jouant sur les rancœurs, les perfidies, et un terrible appétit de vengeance, et ce n’est que dans les ultimes pages que l’on saura enfin qui a tiré les ficelles du crime. Néanmoins, on pourra reprocher à Claude Izner quelques épisodiques baisses de régime dans le récit – même si les nombreuses digressions sont toujours faites avec justesse et esprit, et que le premier chapitre donne une petite indication quant aux crimes à venir.

    Un bon petit polar historique, frais et pétillant comme un champagne, et qui, même s’il n’est pas animé d’une intrigue définitivement mémorable ou de personnages inoubliables, permet de passer un agréable moment dans ce milieu des music-halls. On peut d’ailleurs retrouver Jeremy Nelson dans le deuxième ouvrage consacré à ce personnage, La Femme au serpent.

    /5