Une grand-mère, dans l’imagerie populaire, c’est une petite femme toute ronde, au visage doux et souriant, à la peau délicieusement parfumée, à la voix chaude et rassurante, qui nous accueille avec des confitures maison et des beignets, qui nous caresse de ses mains aussi légères qu’un vol d’oiseau, qui sait consoler petits et grands chagrins, qui sait écouter avec sagesse et compassion, et qui, par-dessus tout, nous aime sans condition, pour toujours.
Eh bien ! pour Charlotte et ses sœurs, une grand-mère, c’est Clarisse : mâchoire inférieure avancée, nez plat, front large, yeux écartés et brillants d’un feu insoutenable, des mains comme des battoirs, un corps massif et imposant, et une voix qui s’apparente à un grognement, parfois même à un aboiement. D’où le surnom dont l’ont affublée ses petites-filles, pour rigoler entre elles : la Bouledogue.
Le jour où Clarisse doit venir s’installer chez elles, à la suite d’un drame qui laisse leurs parents incapables de s’occuper d’elles, l’existence des quatre sœurs prend la tournure d’un cauchemar. L’éducation, selon Clarisse, c’est se soumettre ou souffrir. Pour en arriver à ce que son code de bonne conduite soit respecté à la lettre, elle ne lésine pas sur les méthodes, même les plus cruelles.
Charlotte, la rebelle, regrettera amèrement de ne pas avoir plié l’échine devant cette nouvelle autorité. Sa résistance la conduira tout droit à l’horreur, à l’inimaginable, l’obsession de Clarisse l’atteignant au cœur même de sa féminité… L’arrivée de la Bouledogue au cœur de cette famille unie par l’amour et la confiance aura les mêmes effets qu’un tsunami : dévastation, désolation, mort…
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Soumis le 14/02/2015 par Emil