Anne, joli petit bout de femme, même pas vingt ans, purge une longue peine pour un braquage raté. Grâce à la complicité de son amie Rolande, elle parvient à se faire admettre à l'infirmerie et, de là, à s'évader. Mais en sautant du mur principal elle se réceptionne mal et crac, douleur terrible, sa jambe et sa cheville forment désormais un angle droit. Elle parvient tant bien que mal à se traîner jusqu'à la route principale. Un camion s'arrête mais le routier, sympathique au demeurant, refuse de l'embarquer car il ne veut pas se rendre complice d'une évasion. Un jeune homme survient ensuite et accepte de faire monter Anne sur sa moto. C'est Julien.
Anne va forcément être recherchée dans les alentours, et notamment dans les hôpitaux, aussi Julien parvient-il à lui trouver une planque dans une guinguette. C'est que les planques, il connaît. En effet, Julien est un petit malfrat qui vit de divers larcins mais ne peut s'empêcher de retourner voir sa mère durant ses cavales. Alitée, Anne trouve le temps long entre les rares visites de Julien. Et puis cette foutue cheville qui ne va pas mieux et l'empêche de marcher seule – elle apprendra plus tard que son astragale, petit os de la cheville, est en morceaux. Une complicité se crée entre les deux jeunes, qui se mue peu à peu en amour.
L'Astragale, édité en 1965 par Jean-Jacques Pauvert, est le premier roman d'une jeune femme à la vie mouvementée, Albertine Sarrazin (1937-1967), qui aura le temps d'en écrire deux autres (La cavale, 1965 et La traversière, 1966), ainsi que des poèmes, avant de laisser la vie sur une table d'opération à vingt-neuf ans. Largement autobiographiques, ils racontent son parcours hors du commun. Déposée à l'assistance publique à sa naissance, adoptée à deux ans, violée à dix ans par son oncle adoptif, envoyée par son père adoptif en maison de correction à quinze, elle s'enfuit à Paris l'année suivante. Albertine vit avec une amie de chapardages et de prostitution avant de tenter un hold-up durant lequel une vendeuse est blessée. Elle est condamnée à sept ans de prison en 1955 et s'évadera deux ans plus tard, après avoir passé son baccalauréat. C'est en 1964, enfermée de nouveau pour vol, qu'elle entame l'écriture de ce « petit roman d'amour pour Julien », qu'elle a épousé entre-temps.
L'astragale raconte à la première personne le début de ce parcours chaotique, avec un style élégant, à la fois classique et truffé d'argot. Si l'écriture semble aujourd'hui quelque peu datée, l'histoire vaut encore largement le détour et inspire encore plus d'un artiste. Après un film en 1968, un documentaire en 2004 et quelques biographies, c'est au tour de la bande dessinée de s'intéresser au parcours hors-norme d'Albertine Sarrazin avec l'adaptation éponyme du roman L'astragale. Une réussite, tout en noir et blanc, signée Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg.
Anne, joli petit bout de femme, même pas vingt ans, purge une longue peine pour un braquage raté. Grâce à la complicité de son amie Rolande, elle parvient à se faire admettre à l'infirmerie et, de là, à s'évader. Mais en sautant du mur principal elle se réceptionne mal et crac, douleur terrible, sa jambe et sa cheville forment désormais un angle droit. Elle parvient tant bien que mal à se traîner jusqu'à la route principale. Un camion s'arrête mais le routier, sympathique au demeurant, refuse de l'embarquer car il ne veut pas se rendre complice d'une évasion. Un jeune homme survient ensuite et accepte de faire monter Anne sur sa moto. C'est Julien.
Anne va forcément être recherchée dans les alentours, et notamment dans les hôpitaux, aussi Julien parvient-il à lui trouver une planque dans une guinguette. C'est que les planques, il connaît. En effet, Julien est un petit malfrat qui vit de divers larcins mais ne peut s'empêcher de retourner voir sa mère durant ses cavales. Alitée, Anne trouve le temps long entre les rares visites de Julien. Et puis cette foutue cheville qui ne va pas mieux et l'empêche de marcher seule – elle apprendra plus tard que son astragale, petit os de la cheville, est en morceaux. Une complicité se crée entre les deux jeunes, qui se mue peu à peu en amour.
L'Astragale, édité en 1965 par Jean-Jacques Pauvert, est le premier roman d'une jeune femme à la vie mouvementée, Albertine Sarrazin (1937-1967), qui aura le temps d'en écrire deux autres (La cavale, 1965 et La traversière, 1966), ainsi que des poèmes, avant de laisser la vie sur une table d'opération à vingt-neuf ans. Largement autobiographiques, ils racontent son parcours hors du commun. Déposée à l'assistance publique à sa naissance, adoptée à deux ans, violée à dix ans par son oncle adoptif, envoyée par son père adoptif en maison de correction à quinze, elle s'enfuit à Paris l'année suivante. Albertine vit avec une amie de chapardages et de prostitution avant de tenter un hold-up durant lequel une vendeuse est blessée. Elle est condamnée à sept ans de prison en 1955 et s'évadera deux ans plus tard, après avoir passé son baccalauréat. C'est en 1964, enfermée de nouveau pour vol, qu'elle entame l'écriture de ce « petit roman d'amour pour Julien », qu'elle a épousé entre-temps.
L'astragale raconte à la première personne le début de ce parcours chaotique, avec un style élégant, à la fois classique et truffé d'argot. Si l'écriture semble aujourd'hui quelque peu datée, l'histoire vaut encore largement le détour et inspire encore plus d'un artiste. Après un film en 1968, un documentaire en 2004 et quelques biographies, c'est au tour de la bande dessinée de s'intéresser au parcours hors-norme d'Albertine Sarrazin avec l'adaptation éponyme du roman L'astragale. Une réussite, tout en noir et blanc, signée Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg.