2 votes
-
3/10 A bien des égards ce roman m'a fait penser à la série Sadorski de Romain Slocombe : un thriller historique dans une période noire d'un pays. En place de la France sous l'occupation de la seconde guerre mondiale, l'histoire se passe au moment de la guerre d'Algérie, les autorités françaises prenant le rôle de l'occupant. La police n'assure pas son rôle normalement mais doit se contenter de réprimer les opposants et obéir aux autorités. C'est le gros point positif de ce roman, m'avoir fait découvrir un pays et une période historique sombre de la France.
Malheureusement, on peut arrêter les similitudes là tant l'histoire que le style d'écriture de Tito Topin n'ont pas les mêmes qualités. Tout comme une histoire de Navarro dont Tito Topin est le papa, le synopsis du roman pourrait ternir sur une seule page et la conclusion évidente du fait du nombre réduit de personnes mélés à l'histoire et de la concision du livre. Et si l'auteur recourt à des expressions dignes de Georges Lautner, leur fréquence alourdisse la lecture.28/03/2020 à 21:18 QuoiLire (361 votes, 6.7/10 de moyenne)
-
8/10 Une Buick fend la nuit noire marocaine fuyant avec rage les néons agressifs de Casablanca. A son bord, un homme et une femme ne comptant pas plus de quarante ans à eux deux. Les brosses d'un batteur de jazz accompagnent les cahots des pneus sur la route caillouteuse. Ce soir de 1955, Gin est trop belle, trop maquillée, presque offerte. du moins, c'est ainsi que Georges Bellanger la voit. Ce soir, il la possédera de gré ou de force. Quelques heures plus tard, Gin, souillée et ensanglantée, est découverte par de jeunes arabes qui la portent jusqu'à la cabane de Lalla Chibanya, la Vieille Dame. La guérisseuse lui administre les premiers soins avant qu'elle ne soit conduite à l'hôpital. Pendant ce temps, bercé par le ronronnement d'un train, Manu, un militaire récemment démobilisé, arrive à Casablanca, rêvant déjà de retrouvailles avec sa fiancée Ginette Garcia, dit Gin. Si Georges Bellanger a commis l'innommable, il ne compte pas être inquiété pour autant. Sa mère est puissante et fréquente un homme de pouvoir. Lorsque celle-ci recueille les confidences de son fils, elle contacte aussitôt un commissaire corrompu jusqu'à la moelle et fait pression sur lui. Après tout, Gin peut avoir été abusée par de jeunes arabes et personne n'ira contredire les autorités tant le racisme ambiant fait rage. L'arrestation d'un « coupable idéal » qui avait lui-même porté secours à la jeune femme déchaînera un raz de marée sans précédent. Les émeutes éclatent et font suppurer les vieilles blessures opposant autochtones et colons. Georges, lui, la conscience tranquille compte bien profiter du chaos général.
Tito Topin, écrivain originaire de Casablanca, signe une oeuvre étouffante et poisseuse. Des portraits d'hommes avilis par l'alcool et le mensonge se succèdent aux côtés de femmes lascives aux moeurs légères. L'auteur, issu de la bande-dessinée, peint un Maroc meurtri à l'aube de l'indépendance. 55 de fièvre joue perpétuellement sur les oppositions à travers les points de vue des personnages mais aussi les décors urbains et ruraux ; les descriptions de Casablanca contrastant fortement avec les douars qui l'entourent. Ainsi, le visuel prime et l'accent est mis sur les jeux de lumière et d'ombre. Les lueurs aveuglantes des néons se détachent avec puissance de l'obscurité, détentrice de mystères et de secrets. Seule la violence, perpétuelle et immodérée, réunit arabes et étrangers, ville et nature, sang et larmes.
Une intense immersion dans le Casablanca des années 50. Un polar exotique sans concession sur fond de période trouble.19/01/2016 à 15:53 BillieWild (24 votes, 8.2/10 de moyenne) 1