Frank Sinatra dans un mixeur

(Frank Sinatra in a Blender)

  1. On court tous après l'argent

    Saint-Louis, Missouri.
    « Il faut avoir de sacrées couilles pour braquer une banque avec une camionnette de boulanger. On passe inaperçu mais on n'est pas près de pouvoir semer qui que ce soit. »
    Avec beaucoup de chance, tout aurait bien pu se passer pour Telly et Bruiser. Mais entre leur bêtise crasse et leur penchant pour le repoudrage de nez, c’était beaucoup demander que de compter sur la seule bonne étoile. Évidemment, rien ne se passe comme prévu et le casse vire au carnage.

    Braquage à moitié raté ou à moitié réussi donc, selon qu’on voit le verre de bourbon à moitié rempli ou à moitié vide. Malgré la casse, le pognon est ravi, et le survivant n’est pas loin de l’être aussi. La police essaye bien d’étouffer l’affaire mais dans une ville comme ça, vous pensez bien… Il faut dire qu’autant de fric qui se promène, ça ne peut qu’attirer des convoitises. Les forces de l’ordre enquêtent et veulent mettre la main sur le braqueur rescapé et son larcin. Nick Valentine, ex-policier reconverti, désormais alcoolique à temps plein et détective privé peu regardant sur les codes procéduraux est dans la course également. Mais il est loin d’être le seul à vouloir faire main basse sur le butin. Peu importe les moyens.
    Vous l’aurez compris, le scénario de Frank Sinatra dans un mixeur ne brille pas par son originalité. Mais l’énergie qu’insuffle Matthew McBride au récit est appréciable. Il commence sur les chapeaux de roues et le soufflet ne retombe jamais pour le plus grand plaisir du lecteur. Les « méchants » sont tous plus fourbes, drogués et/ou imbibés les uns que les autres. L’humour est présent sans que le récit verse réellement dans la comédie. Les personnages sont caricaturaux, sans doute. Mais tout laisse à penser que c’est volontaire et totalement assumé de la part de Matthew McBride. Quant aux réparties, souvent grossières mais qu’importe, elles fusent comme des balles et font mouche. Bien qu'il soit loin du héros classique, vivre cette aventure aux côtés de Nick Valentine, qui a arrêté la clope et le café, mais certainement pas l'alcool (faut pas déconner !) est assez jouissif.

    Sans prétention, cette course-poursuite qui s’étend sur quelque deux cent cinquante pages est jubilatoire. On ne voit pas le temps passer à la lecture de ce très bon divertissement.
    Ah oui... on allait oublier quelque chose... Frank Sinatra, c’est le nom du petit chien de Nick Valentine. Et pour savoir comment il a atterri dans un mixeur… Vous n’avez plus qu’à lire le roman !

    /5