Harold Jaffe est l’auteur depuis 1979 de 13 livres, 3 romans, 9 « docufictions », et un essai. Ses œuvres ont été traduites en allemand, japonais, tchèque, espagnol néerlandais et serbo-croate. Il enseigne la littérature à l’université de San Diego, et dirige la revue annuelle Fiction International, consacrée aux littératures engagées et innovantes, où ont été publiés entre autres des textes de Clarice Lispector, Pierre Guyotat, Kathy Acker, Robert Coover, ou Alain Robbe Grillet…
Harold Jaffe revendique fortement la dimension politique et critique de son œuvre – parmi les références qui lui sont familières, des figures européennes plus qu’américaines : Bataille, Debord et le situationnisme, mais aussi les réflexions de Paul Virilio ou Jean Baudrillard sur l’avènement de l’ère du virtuel. Formellement, il n’a cessé depuis Mole’s Pity – son premier et seul véritable roman, fréquemment cité par Marc Chénetier dans son essai sur « la nouvelle fiction américaine de 1960 à nos jours » - d’explorer des formes hybrides d’écriture, qui empruntent aux discours des médias – écrits, télévisuels, et internet bien évidemment - en créant ce qu’il nomme des « docufictions », au caractère souvent férocement ironique. Dans les années 90, à l’heure où s’impose aux Etats-Unis une idéologie de la prohibition sexuelle liée au sida, il évoque la multiplicité des avatars du corps passionné dans des livres comme Eros Anti-Eros, Straight Razor, ou Sex for the Millennium. Au tournant du millénaire, son écriture s’oriente vers la représentation culturelle de diverses figures de l’extrême dont le tueur en série constitue un cas exemplaire. Après l’invasion américaine en Irak, Jaffe publie Terror-Dot-Gov, nouvel ensemble de docufictions, variations autour du terrorisme mondial - y compris dans ses formes dites licites, c’est-à-dire étatiques. Enfin parallèlement, il poursuit à travers ses essais une réflexion sur les mutations cognitives, culturelles et civilisationnelles liées à l’évolution technologique.